Amélie Murat et Henri Pourrat : l’amitié littéraire, ressort de la création

 

Amélie Murat et Henri Pourrat entretenaient une relation d’amitié et d’estime très forte, renforcée par les origines auvergnates qu’ils partageaient tous deux.
Dans leurs fonds respectifs, ces liens sont probants : ils s’échangent des courriers, s’envoient des manuscrits, s’enquièrent de l’avis de l’autre sur leur création.

 
   

Dans un petit carnet de citations, la poétesse retranscrivait des bribes de poèmes ou des morceaux de romans qui l’avaient particulièrement marquée ou touchée. L’un d’eux s’intitule La Claire Fontaine, signé Henri Pourrat. Cette collection de mots sélectionnés et chéris dans ce carnet nous instruit beaucoup quant aux goûts d’Amélie Murat et de ses éventuelles influences.

 
   

Amélie adressa aussi une dédicace à l’auteur du Trésor des Contes dans laquelle elle lui manifeste, sobrement, en peu de mots, toute son amitié et lui reconnait une importance capitale pour le patrimoine auvergnat.
Échangeant beaucoup autour de son œuvre, la poétesse adresse à Henri Pourrat certaines de ses œuvres, y compris une nouvelle, Le Collier de Faustine où il est question de terre auvergnate bien entendu, mais aussi de littérature. Elle y fait référence en effet à un « poète qui habite la montagne » mais qui « vint à la ville » pour acheter un collier à une chatte nommée Faustine. Dans ce récit mystérieux, Amélie fait montre d’une prose toujours très poétique, mystérieuse autant que chaleureuse où l’on aurait bien envie de croire que le poète dont elle parle n’est autre qu’une métaphore pour désigner son ami Henri Pourrat.

Henri Pourrat manifeste aussi son admiration pour la poétesse, notamment dans cette lettre datée du 11 juin 1935. Leur relation intellectuelle, fondée sur le partage littéraire, apparait sous un beau jour puisque Henri Pourrat lui témoigne son plaisir à la lecture du recueil Le Chant de la vie qu’elle lui avait adressé. C’est aussi une relation de confiance qui s’était visiblement établie puisque Henri Pourrat en profite pour lui annoncer la naissance de sa fille Annette.
Henri Pourrat célèbre le lyrisme poétique d’Amélie dans un brillant éloge puis l’importance de son œuvre pour la poésie féminine dans un article. Dans ces deux textes, les analogies avec le feu sont frappantes : « La première fois que je vis Mlle Murat, elle venait d’allumer le premier feu de septembre. C’était un bien léger bûcher, composé de souliers de bal, de diplômes, de jeux floraux et de racines d’iris. Une fumée bleue fuyait, pareille à celle d’un encens. Au milieu de soixante volcans éteints, cette seule fumée vivante allait bénir le Royat des palaces » mais aussi «  Peut-être une lumière d’aurore » ou encore « la poésie française est un feu qui éclaire (…) son lyrisme (en parlant d’Amélie Murat) tout clarté (…) pétille (…) il brûle (…) s’élance avec ce tremblement ardent et limpide de la passion devenant poésie ; et il faut dire qu’il fume aussi, car la flamme se courbant, une fumée monte alors ».
Bien loin de considérer Amélie Murat comme la froide et mélancolique poétesse souvent injustement dépeinte, il avait su lire en elle l’ardeur et déchiffrer la lumière de sa poésie, toute en douceur et très liée aux forces de la nature et de l’âme torturée.

Dans le Tombeau d’Amélie Murat, magnifique texte d’éloge posthume pour la poétesse (paru dans Blé de Noël en 1942 et disponible ci-dessous dans deux versions différentes, manuscrite et tapuscrite), Henri Pourrat célèbre son grand sens de l’amitié puis finit par écrire de sa destinée qu’elle prit « tout son sens dans la lumière, par delà les montagnes, par delà les étoiles ». La poétesse s’inscrit donc à tout jamais dans la lumière, sous le regard éclairé et sincère de l’écrivain auvergnat.

La relation littéraire d'Amélie Murat et Henri Pourrat

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