Le registre de l’auteur est vaste : entre biographies (Pascal l’insoumis, Les Montgolfier, Hervé Bazin, etc.), livres d’histoire (La Vie quotidienne en Italie, La Vie quotidienne des immigrés en France – que lui inspira un commis algérien avec qui il livrait du charbon), essais, livres humoristiques, traductions (Le Prince de Machiavel, Le Décaméron de Boccace), recueils de poésie, scénarios de films ou pièces de théâtre, cet écrivain à succès explore tous les genres et est dévenu une référence dans la culture littéraire d’Auvergne mais aussi de la scène littéraire française.
C'est plutôt un auteur discret et apparaît très rarement à la télévision. Cependant, son succès ne se dément jamais lors du rendez-vous littéraire annuel qu’il donne à ses lecteurs à la librairie Les Volcans de Clermont-Ferrand.
Jean Anglade est profondément lié à deux choses : sa terre et sa pratique littéraire. Une terre d’Auvergne riche et mystérieuse, empreinte d’écriture et d’écrivains, qui l’inspira beaucoup. Ainsi il fut proche des autres écrivains auvergnats tels qu'Henri Pourrat, Lucien Gachon, Alexandre Vialatte, Aimé Coulaudon, Marie-Aimée Méraville, Jean-Émile Bénech ou encore Pierre Moussarie.
Ecouter Jean Anglade parler de sa rencontre avec Henri Pourrat
(Conférence du 2 avril 1987 au CRDP de Clermont-Ferrand)
- Jean Anglade parle de sa rencontre avec Henri Pourrat
Cliquez pour écouter plus d'extraits de Jean Anglade parlant d'Henri Pourrat
L’Auvergne, patrie littéraire de Jean Anglade
« Pagnol auvergnat », « patriarche des lettres auvergnates », « écrivain du terroir », voire « auteur régionaliste » : Jean Anglade est affublé de tous ces surnoms qui évoquent son fort attachement à l’Auvergne.
La plupart de ses histoires, à partir d’Une Pomme oubliée, se déroulent au pays des volcans.
Vu de là-haut, l'Auvergne était d'une beauté incomparable, avec tous ces volcans alignés comme une caravane de dromadaires. Et les sommets lointains que le barbu connaissait par leur nom et leur prénom, ainsi que de vieux amis : le Pariou, c'est-à-dire le Pareil ; le Louchardière, c'est-à-dire le Fauteuil ; le Chaudron, alias le Sarcoui, c'est-à-dire le Cercueil, parce que les anciens habitants fabriquaient des sarcophages avec sa substance ; plus près, le Nid de la poule, el Grand Suchet, le Petit Suchet. Il en avait plein la tête.
Le spectacle était si magnifique qu'ils se laissèrent surprendre par le crépuscule. Car il faisait encore jour sur le sommet alors que ses pieds trempaient déjà dans les ténèbres.
Ils redescendirent par le même chemin dont la faible blancheur les guidait. Jean Gabin cita un autre proverbe auvergnat : "Celui qui monte a tous les diables qui le retiennent. Celui qui descend a tous les saints qui le poussent au derrière."
Le Roi des fougères (1996)
Ses romans sont de véritables morceaux documentaires pour en apprendre davantage sur l’Auvergne, ses coutumes ou la France de 1940 (le savoir-faire des couteliers, les chiens chaufferettes, la mort au front - la guerre hante Jean Anglade qui fut pupille de la nation). Très renseignées et faisant appel à ses souvenirs personnels ou ses ressentis de jeune Auvergnat, les œuvres de Jean Anglade ne sont pas purement descriptives, elles invitent à vagabonder dans le passé et le présent d’une région vivante et romanesque. Ainsi nous offre-t-il la trilogie thiernoise composée de Ventres Jaunes, À la bonne rosée et Permissions de Mai, sorte de saga des couteliers de Thiers, couvrant près d’un siècle de vie auvergnate. Il retrace l’histoire des Pitelet et de leurs descendants, famille pittoresque qui traverse huit décennies mouvementées de guerres, d'occupation allemande, de révolution estudiantine et de progrès industriels, et autant d'événements personnels ou professionnels, d’intrigues joyeuses ou dramatiques.
Dans Grillon vert, c’est un café-restaurant-hôtel-comptoir populaire du quartier Fontgiève de Clermont-Ferrand qu’Anglade se plaît à dépeindre, avec son lot de bavardages, de rires, de confessions et de clients bien singuliers : Aussoleil l’allumeur de réverbères, le peintre-distillateur Mario Pérouse, Pouett-Pouett le chauffeur du camion Fiat, monsieur Carré retraité de l'état civil, monsieur Conchon-Quinette industriel en confection, Jean Desvignes, que l'on dit fou comme une chèvre, Amandine, institutrice chauve ou encore monsieur Hébrard, professeur d'anglais, qui prétend avoir épousé une Ecossaise pour avoir un dictionnaire jusque dans son lit.
Servis par une langue savoureuse, un mélange d’humour et de bon sens, de douce malice et de rude franchise, d’observations pertinentes et de réflexions douces-amères, les romans de Jean Anglade sont hauts en couleur, tout comme ses personnages.
La Comédie humaine de Jean Anglade
Le style de l’auteur est un gage de plaisir, de découverte, de dépaysement et d'humour mais c’est surtout le charme de son univers romanesque peuplé de personnages profondément attachants et humains qui retient l’attention.
Jean Anglade est parvenu à construire des « types » de personnages (sans jamais tomber dans le caricatural) comme il en existe dans chaque petit village et chaque grande ville de France. Des petites gens rêveurs et courageux aux gentils patrons bienfaisants, des banquiers véreux aux vieilles personnes dans leur solitude au cœur des campagnes, en passant par les femmes ouvrières devenues chef d’entreprises de fruits confits et sans oublier les petits gamins sauvages grandissant en temps de guerre, Jean Anglade évoque aussi bien l’enfance, la misère, la folie, l’enfer que l’amour.
Ce qui force l’admiration du lecteur c’est la justesse de l’écriture de Jean Anglade car les personnages, bien que très différents, sont toujours admirablement décrits. Ses livres rencontrent toujours un énorme succès public.
Jean Anglade est un humaniste avant d’être un auteur et cette connaissance sensible de l’humain lui permet de signer des œuvres toujours authentiques. Il avoue lui-même cette philosophie souriante en disant :
Ma véritable région, ce n'est pas l'Auvergne, c'est l'Homme.
BIBLIOGRAPHIE |
Romans Le Chien du Seigneur (1952)
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