Portrait de Jean Vissouze, La Ribbe, 1950, DR Inès Vissouze-de Haven Cette biographie a été rédigée par Inès Vissouze-de Haven, belle-fille de l’écrivain Jean Vissouze.

Jean Vissouze naît à Limoges le 10 décembre 1898.

Son père, Edouard Vissouze, vérificateur des poids et mesures, est nommé à Riom en 1901. Jean fait ses études primaires et secondaires au Collège Michel de l'Hospital à Riom. Il manifeste des prédispositions littéraires dès l'âge de 11 ans et un goût prononcé pour l'histoire ancienne, la Bible, l'Histoire sainte et l'archéologie. Il fréquente les librairies, lit les journaux, étonne les professeurs qui le rencontrent chez le marchand de journaux.

À la déclaration de guerre en 1914, Jean Vissouze n'a que 15 ans et se fait remarquer par sa curiosité précoce pour la politique. Il est influencé par les idées royalistes et adhère à l'Action Française. Très patriote, il devance l'appel, s'engage en 1917, est gravement blessé, fait prisonnier, rapatrié et décoré de la Croix de Guerre.


Jean Vissouze et sa femme Suzanne, 1949, DR Inès Vissouze-de HavenEn convalescence à Saint Anthème, près d'Ambert, il revoit Alexandre Vialatte, Henri Pourrat et Joseph Desaymard. A la faculté de Lettres de Clermont, en 1920, il fonde Le Gay Sçavoir, journal pour les étudiants, et prépare sa licence de Lettres sur l'art chrétien avec le Professeur Louis Bréhier. En 1922, il épouse Suzanne Vallienne qui a terminé sa licence de Lettres, elle aussi à la faculté de Clermont. Dans les églises d’Auvergne, Jean Vissouze découvre l'art roman et écrit une monographie sur l'église d'Ennezat. Une fois diplômé d'Histoire en 1923, il obtient, un an après, la grande médaille d'argent au Congrès Archéologique de France et devient la même année membre titulaire de l'Académie des Sciences, Lettres et Arts de Clermont-Ferrand.


Professeur à Saint Flour (de 1921 à 1924), il s'intéresse à l'affaire Glozel dont on découvre le site préhistorique en 1924, et publie, avec Antoine Vergnette, les Nouvelles constatations. Il achète une imprimerie et exerce le métier d’imprimeur à Clermont-Ferrand jusqu’en 1933, année à laquelle Jean Vissouze s'installe à la campagne avec sa femme et ses trois fils.

Ils achètent "La Ribbe", à Crouzol, pour créer un collège d'enseignement secondaire privé dans lequel, pendant la Seconde Guerre mondiale, ils emploient et mettent à l'abri des professeurs et des élèves juifs. C’est à cette même époque que Jean Vissouze écrit et publie ses premiers romans : La Croule (1945) et Ecir (1946) qui est couronné par l'Académie Française. Il tient également un journal intime du 8 mai 1945 au 6 janvier 1947. Membre du Syndicat des Ecrivains Français, il obtient le Prix Montyon en 1948.

En janvier 1949, Jean Vissouze est pressenti pour diriger le journal conservateur L'Époque mais ce poste ne dure que trois mois, au grand regret d'Henri Pourrat, Alexandre Vialatte et plusieurs autres auteurs auvergnats collaborant à la rédaction d’articles. Il est ensuite rédacteur en chef de la Page Agricole de ce même journal jusqu'en 1951. L’Époque fut ensuite absorbé par L’Aurore.

Il partage son temps entre Paris et la Ribbe, continue à écrire et publie en 1949 son troisième roman Le Jeu et L'Enjeu pour lequel il obtiendra plusieurs voix au prix Fémina.

En 1952, il décide d'aller tenter sa chance au Maroc en créant le "collège climatique" de Sefrou, de 1953 à 1957, puis le "Collège du Parc" à Casablanca, de 1958 à 1964. Il y assure les cours de français et d'histoire.

Entre temps il est nommé Chevalier dans l'Ordre des Palmes Académiques (1962).


Jean Vissouze ne cesse d’écrire en parallèle à sa carrière dans l’enseignement. Trois romans paraîtront ainsi dans cette période : La Glace et le Feu et La Montée d'Orcines en 1963, puis Le Beau Gabriel en 1964.

Conférence de Jean Vissouze, DR Inès Vissouze-de HavenLe couple Vissouze, DR Inès Vissouze-de HavenMembre du Rotary, il donne des conférences sur des thèmes historiques, la plupart se rapportant à l'Auvergne dont il est spécialiste. Il écrit aussi huit pièces de théâtre qui ne seront pas publiées mais certaines sont montées et jouées à Casablanca par une troupe d'amateurs.En 1964, Jean Vissouze revient en Auvergne. Il obtient le Prix des Volcans pour son ouvrage La Montée d'Orcines. Il achète le château de Crouzol en face de la Ribbe (vendue après son premier départ au Maroc) et entreprend d'importants travaux dans la propriété pour créer à nouveau un collège d'enseignement secondaire, le "Collège de Crouzol".
Celui-ci prospèrera jusqu'en 1968, date à laquelle les événements de mai et des dépenses imprévues porteront un coup fatal à la bonne marche de l'établissement. Jean Vissouze sera obligé de quitter la région en 1972.

 

Cet homme très érudit, assez austère mais aussi fantasque et grand seigneur à ses heures, idéaliste dans ses convictions, psychologue et pédagogue, à la parole captivante, croyait en Dieu. Il était respectueux, curieux de toutes les croyances et beaucoup de ses proches et élèves disaient de lui qu’il était un « maître ». En 1976, soit deux ans avant sa mort, il écrit un dernier récit autobiographique bouleversant, resté inédit, retraçant un événement douloureux vécu dans sa jeunesse, qu'il garda secret, et qui le poursuivit pendant toute sa vie.

Il meurt le 19 novembre 1978 à Paris. Ses obsèques sont célébrées en même temps que celles de son fils Alain qui l'a rejoint dans la mort vingt-quatre heures après que lui-même se soit éteint. Son épouse Suzanne décède deux ans plus tard. Elle ne supporta pas l'absence de son compagnon avec qui elle formait un couple très complémentaire, en symbiose intellectuelle.

Jean Vissouze est inhumé à Riom.



 

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