Les manuscrits de Pascal Riou : la naissance d'un recueil de poésie

Un pouvoir d’attraction

À l’heure de la reproduction et de la numérisation, les documents se banalisent mais le manuscrit conserve tout son pouvoir d’attraction, surtout quand la parole inscrite est celle d’un poète. À travers le papier, unique, raturé, parfois jauni et tâché, c’est la présence de l’auteur qui perdure.

Lors du face à face avec un manuscrit de travail se dénouent les enjeux d’une écriture qui s’affirme, se cherche, se corrige, se perd. Nous devenons spectateurs d’un processus créateur qui s’oriente jusqu’à l’œuvre achevée.

Notre regard est aussi attiré parfois par les traces du quotidien (froissement de la feuille, brûlure, tache de boisson, etc.), des traces aussi insignifiantes qu’émouvantes en ce qu’elles nous invitent à imaginer l’écrivain dans son atelier. C’est la vision moderne du manuscrit qui fait de lui, qu’il soit ébauche, brouillon ou oublié, un témoin précieux du processus de création.

Ici nous voyons les diverses épreuves d'un poème que Pascal Riou adresse à Jean-François Manier et Martine Mellinette (comme le prouve une note au dos de la version finale). Le poème évolue de façon imperceptible mais tous ces petits changements sont nécessaires pour aboutir à sa forme achevée, celle qui satisfait pleinement son auteur.

   

 

L’élaboration d’un recueil

 

De l'écriture…

 

Le manuscrit permet de suivre le cheminement emprunté par l’écrivain pour que son poème, d’un premier jet imparfait, accède à sa forme définitive. C’est par le manuscrit que l’on voit se dessiner parfois la poétique des écrivains, fondée sur la liberté de la création ou, à l’opposé, sur la contrainte méthodique. Même achevé, les poèmes de Pascal Riou gardent leur part de mystère.

Écrit parfois au dos d'autres feuillets, ces supports de fortune fournissent à la recherche un repère indiscutable pour la datation du manuscrit.

Se plonger dans les manuscrits d'un poète comme Pascal Riou c'est voir la création en action et en perpétuelle interrogation.

 

…à la publication

 

L'éditeur a un rôle de choix dans ce cheminement créatif. Il est celui qui a le privilège d'accéder aux prémices de la pensée poétique, de découvrir une terra incognita.

Premier lecteur, Jean-François Manier, éditeur à Cheyne, guide l'écrivain, remplace des mots, en conseille d'autres, barre des vers, parfois des poèmes entiers. Il soumet parfois l'idée qu'un poème aurait davantage sa place dans un autre recueil, en fonction d'une cohérence littéraire interne qui prouve sa bonne connaissance à la fois de la poésie mais aussi de l'écrivain. Il réceptionne la création et cherche à l'améliorer avec son regard aiguisé mais aussi sa sensibilité personnelle, sans oublier les contraintes régissant la publication de recueils poétiques. Le poète fait des sacrifices, parfois à contre-coeur. On peut alors croire que sa liberté de créer est restreinte mais il faut plutôt considérer ces allers-retours de l’œuvre entre son auteur (Pascal Riou) et son premier lecteur (le correcteur éditeur) comme un processus collectif de publication.

L'empreinte de l'éditeur, Jean-François Manier, est présente et bienveillante. Pour que le voyage soit possible, que l’expérience soit partagée, le manuscrit doit être retravaillé.

La pureté et la justesse d’un poème de Pascal Riou s’acquièrent, paradoxalement, grâce au travail et à la recherche, tout en évitant « l’effet » artificiel.

Le poète construit seul, mais travaille avec son éditeur qui l’invite à creuser un mot, à se livrer, à se retenir, à prendre du recul, à choisir un autre titre.

Naissance d'un recueil de poésie

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