Démonstration de typographie au Congrès de Vichy (bibliothécaires de France), 1994Dans le panorama de l’édition française, Cheyne fait entendre, à travers des œuvres maintenant reconnues, une tonalité poétique singulière, où l’expression d’une expérience intérieure rejoint volontiers le questionnement des formes.
Cheyne reçoit près de mille manuscrits par an. Une fois lus, étudiés, sélectionnés, corrigés, une petite douzaine d'entre eux seulement sera publiée. Ce sont ces quelques 400 titres et une grande singularité dans les choix éditoriaux qui font de Cheyne une maison d'édition ambitieuse et humble à la fois.
Le choix de l’impression typographique au plomb (qui répond à une conception du « beau livre ») est la marque de fabrique de la maison d'édition, le signe de son identité. La manière de faire est quasiment artisanale, jusque dans le temps accordé à la lecture, au choix, à la critique, un temps précieux, gage de la qualité des collections et des œuvres éditées.

La poésie publiée par Cheyne se caractérise par son authenticité, son humanité, son interrogation du monde et de la vie. Au sein d'un catalogue construit en toute liberté et indépendance, une dizaine d’auteurs ont publié la quasi totalité de leurs textes à Cheyne et ont ainsi contribué à créer l’identité de la maison. C’est le cas notamment de Jean-Marie Barnaud, Danielle Bassez, Pascal Riou, Patrick Guyon, Dominique Sorrente, Jacques Vandenschrick et Jean-Pierre Siméon. Ces poètes symbolisent la maison d'édition ainsi que Franck Pavloff, avec son livre Matin brun, qui demeure le plus gros succès de Cheyne avec plus d'1,6 million d'exemplaires vendus.
La maison d'édition possède six collections distinctes qui développent chacune leur propre ligne éditoriale.

Carte postale "poèmes et couleurs", 2001, Cheyne

 

Carte postale "poèmes et couleurs", 2001, Cheyne

 

Carte postale "poèmes et couleurs", 2001, Cheyne

 

Carte postale "poèmes et couleurs", 2001, Cheyne
  • La collection Verte, qui est la plus ancienne et la première créée (1980), accueille les textes de poètes francophones reconnus. Elle doit son nom à la couleur de sa couverture.

A l'origine, la collection était destinée à la publication de premiers recueils. Une fois ces jeunes poètes publiés et leur œuvre devenue importante et reconnue, ils ont contribué à créer le fonds de la maison et son identité poétique, pendant environ douze ans. Nous y retrouvons donc, entre autres, les auteurs sus-cités : Jean-Marie Barnaud, Danielle Bassez, Pascal Riou, Patrick Guyon, Dominique Sorrente, Jacques Vandenschrick et Jean-Pierre Siméon. Compte tenu de la démarche nouvelle (celle d'accompagner ces auteurs, de rééditer leurs titres épuisés), il a fallu créer d'autres collections pour accueillir de nouvelles voix.
La collection s'enrichit chaque année d'environ quatre titres nouveaux. Depuis sa création, cent-dix titres ont été publiés, trente sont épuisés, et environ dix ont été réédités. Les tirages varient entre 800 et 2500 exemplaires.


  • La collection illustrée Poèmes pour grandir est créée en 1985 par Martine Mellinette.

Les ouvrages s’adressent à tous les publics, particulièrement les enfants et adolescents, mais Martine Mellinette préfère dire qu'ils sont faits « pour entrer en poésie ».
Les livres édités ont donc pour vocation de familiariser, dès le plus jeune âge, les lecteurs avec une poésie forte et exigeante.
Imprimés au plomb, ils se distinguent par la couleur utilisée et les illustrations, toutes réalisées par Martine Mellinette excepté pour le recueil C'est corbeau.
Un grand soin est accordé au lien entre les poèmes et les images, toujours dans ce souci du « beau livre » cher à la maison d'édition. La sobriété adoptée au début de l'aventure a laissé place à davantage de fantaisie, d'images et de couleurs.
Nous retrouvons dans cette collection des auteurs tels que Jean-Pierre Siméon, Alain Serres, André Rochedy, David Dumortier ou encore Isabelle Damotte.

Ma maison, c'est la nuit d'A. Rochedy avec gouaches de M. Mellinette Clarisse de David Dumortier, dessins de M. Mellinette

 

  • A l'initiative de Jean-Pierre Siméon et de Jean-Marie Barnaud (deux auteurs emblématiques de Cheyne), la collection Grands fonds est créée en 1991.

Le nom choisi pour la collection fait référence à un terme d’imprimerie qui désigne les marges extérieures de la page, une métaphore pour décrire le contenu de cette collection. En effet, elle regroupe des textes de prose inclassable, en marge des genres codifiés et normés.
Sur 36 titres publiés, 10 ont été réédités. Entre 800 et 3500 exemplaires sont tirés, soit davantage que pour la collection Verte. Nous y retrouvons les auteurs Danielle Bassez (6 titres publiés dans cette collection), Hubert Voignier, Isabelle Pinçon et Christiane Veschambre.


  • La collection Grise est lancée en 1984 par Cheyne afin de publier chaque année le lauréat du prix Roger Kowalski, créé par la ville de Lyon pour mettre en lumière des poètes francophones ayant peu publié.

Parmi les lauréats, plusieurs ont par la suite rejoint d'autres collections de Cheyne comme Jean-Claude Dubois, Isabelle Pinçon et Patrick Guyon. En 2000, le prix Kowalski évolue pour ne plus récompenser que des auteurs ayant déjà été édités. La collection Grise change alors de ligne éditoriale et devient un espace de découverte comme l'était la collection Verte à l'origine, ce qui rétablit l'équilibre des voix éditées.
Chaque année, un ou deux textes sont retenus seulement, choisis et présentés par un auteur de la maison d'édition qui les parraine. La collection compte 14 titres disponibles et les tirages varient de 600 à 2000 exemplaires.


  • Deux autres auteurs phares de Cheyne, Pascal Riou et Marc Leymarios, conçoivent en 2000 la collection D’une voix l’autre, qui complète l'entreprise de découverte de Cheyne tout en comblant son envie d’ouverture sur le monde.

La collection s'attache à publier des poètes contemporains étrangers vivants, reconnus dans leur pays, mais encore peu traduits en France.
Souvent traduits par des poètes, les textes (une à deux nouveautés par an) paraissent en bilingue. Les tirages atteignent 600 à 3000 exemplaires et contribuent à faire connaître des voix venues d'Angleterre, de Turquie, des États-Unis, de Colombie, de Pologne, du Kosovo, d'Albanie, d'Allemagne, d'Italie, de Chine, d'Inde, etc. Parmi les auteurs publiés, nous pouvons citer William S. Merwin, Meng Ming,  Ali Podrimja ou bien Czeslaw Milosz.


  • Deux des collections de Cheyne sont nées de collaborations.

En 1999, la revue annuelle Etats provisoires du poème est lancée, dans le cadre du festival Les Langagières. D'abord coéditée avec la Comédie de Reims, la collaboration se poursuit avec le TNP de Villeurbanne, dont le directeur n'est autre que Jean-Pierre Siméon. Sept numéros sont aujourd'hui parus et s'engagent à dresser une sorte de cartographie du panorama poétique contemporain. Plus d'une trentaine d'auteurs provenant d'horizons divers y ont publié des poèmes.

Depuis 2002, Cheyne édite les lauréats du Prix de la Vocation, en partenariat avec la fondation Marcel Bleustein-Blanchet. Destinée à encourager et faire rayonner un jeune poète (18-30 ans) de talent, la collection est le berceau de nouveaux auteurs pouvant éventuellement rejoindre d'autres collections de Cheyne plus tard. Ce fut le cas pour la roumaine Linda Maria Baros, lauréate du Prix en 2004 avec Le Livre de signes et d’ombres, qui publia en 2006 un second titre La Maison en lames de rasoir venu rejoindre la collection Grise, puis un troisième ouvrage L’Autoroute A4 et autres poèmes qui parut en 2009 vint enrichir la collection Verte.

A ces collections s'ajoutent également des ouvrages de bibliophilie rares et précieux mais aussi des œuvres hors collections dont la nature nécessite une forme particulière. Il s'agit d'essais sur le théâtre, de lectures à haute voix, de souvenirs, de témoignages, etc. Matin Brun de Franck Pavloff en fait partie.

Source : Le mémoire La collection « Poèmes pour grandir » de Cheyne éditeur : des livres pour entrer en poésie d'Agnès Gros (Université du Maine, 2007).



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