Les portes de la poésie lui ont été grandes ouvertes par son père, Roger, fonctionnaire passionné de littérature -lui-même poète - sa mère institutrice, son oncle peintre et les heureuses influences musicales (Jacques Brel, Georges Brassens, Bob Dylan) de toute la famille.

La bibliothèque familiale regorge de bandes-dessinées, de romans d'aventure et de recueils de poésie parmi lesquels Jean-Pierre Siméon, encore adolescent, découvre Tristan Tzara, fondateur du dadaïsme. Ce sera alors une révélation. Il revendique également l'impact du poète surréaliste Paul Éluard -dont il préface le recueil Poésie volontaire et poésie involontaire- et celle d'Andrée Chedid qu'il admire beaucoup et dont il préface avec Matthieu Chedid le recueil Au cœur du cœur.


Une rêverie surréaliste

Dans ses recueils de poésie comme au théâtre, Jean-Pierre Siméon privilégie la puissance évocatrice des mots et la force des images invoquées pour décrire le monde qui l'entoure.
Son langage poétique se caractérise par l'emploi de métaphores, le rythme musical de ses vers, la force et le nombre très important d'images et sa recherche sur les mots.
De ses poèmes se dégagent des thèmes récurrents se nouant les uns aux autres et révélateurs d'une poétique qui lie le langage au corps, au désir, au cosmos, à la mort (exprimée dans un rapport de dualité avec l'amour) et à la douleur.
Cette douleur est partagée par tous les poètes et Jean-Pierre Siméon explique son accomplissement dans Fuite de l’immobile :
«Plaintif, incanté par sa plainte, il doit s’aguerrir en opprimant ses forces, en se coupant les ailes, en se crevant les yeux, revêtir l’abandon pour seul sortilège, happer dans le rêve avenu, l’avènement de l’épervier, attendre que des mains se joignent sous l’arche de son vol.»

Lectures dans une école, 1995
L'éveil des consciences

Très pédagogue, le poète multiplie les interventions pour défendre l'importance de la poésie pour les enfants.
Mais pas n'importe quelle poésie : il œuvre activement pour celle qui permet une infinie liberté et l'explosion des contraintes poétiques. Il désire élever la conscience de ce lectorat à la complexité du monde et pour cela, ses poèmes crient sa révolte contre les injustices faites aux hommes mais favorisent aussi l'évasion dans un univers qui résonne tout entier de sa parole généreuse et engagée.


"L'étendard poétique"

Selon Jean-Pierre Siméon, une seule qualité est requise pour appréhender la poésie : il s'agit de l'attention.
Saisir le sens narratif d'un texte poétique ne suffit pas ; il faut être disponible, prêt à le recevoir comme un présent. Ainsi explique-t-il que « […] si on entend le poème, on comprend immédiatement qu'une autre langue est possible, donc qu'une autre représentation du monde est possible. C'est là l'enjeu de la poésie, un enjeu politique au sens le plus noble du terme. »

La poésie a donc partie liée avec la perception d'une société qui tend à simplifier chaque individu. Elle propose la sauvegarde d'un monde qui témoignerait de la richesse de chaque être.
Pour Jean-Pierre Siméon, « la poésie est un extraordinaire accélérateur de la conscience. Donc, à chaque fois que l'on transmet le poème, on travaille au profond, à l'ouverture des consciences de tous.  C'est dire à tout le monde qu'il y a une autre façon de dire le réel. Face à l'information pragmatique, aux discours qui enferment le réel dans des catégories, dans des fonctionnements de pensées, la langue poétique fait effraction. Elle éclaire. »

(Propos recueillis par Guillaume Elmassian, le 26 novembre 2012, article « L'étendard poétique est levé », blog Le Monde)

Jean-Pierre Siméon adopte donc une esthétique éthique et propose l'engagement existentiel et humanitaire du poète et, ce faisant, il prouve que le poète autrefois « maudit » a aujourd'hui et plus que jamais sa place au cœur de la Cité.


BIBLIOGRAPHIE

Traquer la louve (1978)
Hypnose du silence (1981)
Fuite de l'immobile (1984)
Un Essaim amoureux (1986)
Passage du Désir (1988)
Les Douze louanges (1990)
Le sentiment du monde (1994)
Traité de la juste merveille (1996)
L'homme clos (1996)
Les petits jardins (1996)
Matière nuit (1998)
Ouvrant le pas (réédition 1998)
Le sourire du chien (1999)
D'entre les morts (2000)
Stabat Mater Furiosa (suivi de) Soliloques (2000)
La Lune des pauvres (2001)
Quoique. Chroniques citoyennes (2002)
Fresque peinte sur un mur obscur (2002)
Charles Juliet, la conquête dans l'obscur (2003)
Sermons joyeux (De la lente corruption des âmes dans la nuit tombante), 2004
Lettre à la femme aimée au sujet de la mort (2005)
Le bois de hêtres, précédé de Le sentiment du monde, suivi de La question et la preuve (2005)
Algues, sable, coquillages et crevettes: Lettre d'un poète à des comédiens et à quelques autres passeurs (2006)
Le Petit Ordinaire (Cabaret macabre), 2006
Odyssée, dernier chant (2006)
Témoins à charge : Ou La comparution d'Eros et Thanatos devant les hommes (2007)
Quel théâtre pour aujourd'hui ? (2007)
Usages du poème (2008)
Philoctète (2009)
Le Testament de Vanda (2009)
Traité des sentiments contraires (2011)
Théâtre 1999-2004 (2013)

Pour la jeunesse

À l'aube du buisson, collection « Poèmes pour grandir » (1985)
La nuit respire, collection « Poèmes pour grandir » (1987)
L'étrange, curieuse, bizzare, étonnante, stupéfiante, inquiétante, fabuleuse et véridique histoire de Népomucène, d'Iphigénie et du poivron flottant (1995) avec Anne Siméon, Stéphane Queyriaux et Frédéric Siméon
Contes et légendes d'Auvergne, collection « Contes et légendes » (1996)
La Mouche qui lit, collection « Pas Comme les Autres » (1998) avec Isabelle Simon (Illustrations)
Un homme sans manteau, collection « Poèmes pour grandir » (2000)
Sans frontières fixes, collection « Poèmes pour grandir » (2001)
Aïe ! Un poète, collection « Seuil-Crapule » (2003) avec Nicole Claveloux (Illustrations), Henri Galeron (Illustrations), Tina Mercié (Illustrations)
Ceci est un poème qui guérit les poissons, collection « Couleur carré » (2005) avec Olivier Tallec (Illustrations)
Ici, collection « Poèmes pour grandir » (2009)

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