Les portes de la poésie lui ont été grandes ouvertes par son père, Roger, fonctionnaire passionné de littérature -lui-même poète - sa mère institutrice, son oncle peintre et les heureuses influences musicales (Jacques Brel, Georges Brassens, Bob Dylan) de toute la famille.
La bibliothèque familiale regorge de bandes-dessinées, de romans d'aventure et de recueils de poésie parmi lesquels Jean-Pierre Siméon, encore adolescent, découvre Tristan Tzara, fondateur du dadaïsme. Ce sera alors une révélation. Il revendique également l'impact du poète surréaliste Paul Éluard -dont il préface le recueil Poésie volontaire et poésie involontaire- et celle d'Andrée Chedid qu'il admire beaucoup et dont il préface avec Matthieu Chedid le recueil Au cœur du cœur.
Une rêverie surréaliste
Dans ses recueils de poésie comme au théâtre, Jean-Pierre Siméon privilégie la puissance évocatrice des mots et la force des images invoquées pour décrire le monde qui l'entoure.
Son langage poétique se caractérise par l'emploi de métaphores, le rythme musical de ses vers, la force et le nombre très important d'images et sa recherche sur les mots.
De ses poèmes se dégagent des thèmes récurrents se nouant les uns aux autres et révélateurs d'une poétique qui lie le langage au corps, au désir, au cosmos, à la mort (exprimée dans un rapport de dualité avec l'amour) et à la douleur.
Cette douleur est partagée par tous les poètes et Jean-Pierre Siméon explique son accomplissement dans Fuite de l’immobile :
«Plaintif, incanté par sa plainte, il doit s’aguerrir en opprimant ses forces, en se coupant les ailes, en se crevant les yeux, revêtir l’abandon pour seul sortilège, happer dans le rêve avenu, l’avènement de l’épervier, attendre que des mains se joignent sous l’arche de son vol.»
L'éveil des consciences
Très pédagogue, le poète multiplie les interventions pour défendre l'importance de la poésie pour les enfants.
Mais pas n'importe quelle poésie : il œuvre activement pour celle qui permet une infinie liberté et l'explosion des contraintes poétiques. Il désire élever la conscience de ce lectorat à la complexité du monde et pour cela, ses poèmes crient sa révolte contre les injustices faites aux hommes mais favorisent aussi l'évasion dans un univers qui résonne tout entier de sa parole généreuse et engagée.
"L'étendard poétique"
Selon Jean-Pierre Siméon, une seule qualité est requise pour appréhender la poésie : il s'agit de l'attention.
Saisir le sens narratif d'un texte poétique ne suffit pas ; il faut être disponible, prêt à le recevoir comme un présent. Ainsi explique-t-il que « […] si on entend le poème, on comprend immédiatement qu'une autre langue est possible, donc qu'une autre représentation du monde est possible. C'est là l'enjeu de la poésie, un enjeu politique au sens le plus noble du terme. »
La poésie a donc partie liée avec la perception d'une société qui tend à simplifier chaque individu. Elle propose la sauvegarde d'un monde qui témoignerait de la richesse de chaque être.
Pour Jean-Pierre Siméon, « la poésie est un extraordinaire accélérateur de la conscience. Donc, à chaque fois que l'on transmet le poème, on travaille au profond, à l'ouverture des consciences de tous. C'est dire à tout le monde qu'il y a une autre façon de dire le réel. Face à l'information pragmatique, aux discours qui enferment le réel dans des catégories, dans des fonctionnements de pensées, la langue poétique fait effraction. Elle éclaire. »
(Propos recueillis par Guillaume Elmassian, le 26 novembre 2012, article « L'étendard poétique est levé », blog Le Monde)
Jean-Pierre Siméon adopte donc une esthétique éthique et propose l'engagement existentiel et humanitaire du poète et, ce faisant, il prouve que le poète autrefois « maudit » a aujourd'hui et plus que jamais sa place au cœur de la Cité.
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Traquer la louve (1978) |
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