La Bibliothèque du patrimoine de Clermont-Ferrand, soucieuse de valoriser le patrimoine écrit dont elle est dépositaire, vous propose de découvrir son riche fonds d'archives littéraires qui comprend les fonds de Jean Anglade, Christian Dedet, Amélie Murat, Henri Pourrat, Roger Quilliot, Pascal Riou, Jean-Pierre Siméon, Jean Vissouze et des éditions Cheyne.
Ces archives, collectées au fur et à mesure des années, témoignent de la diversité de la création littéraire française. Elles inscrivent aussi le parcours artistique des écrivains et éditeurs titulaires de ces fonds dans le territoire culturel de l'Auvergne, terre d'enracinement ou d'adoption.
Cette icône vous indique que l'article comporte une archive audiovisuelle ou un extrait sonore.
Matin Brun, c'est l'histoire de Charlie et de son copain qui vivent une époque trouble, celle de la montée d'un régime politique extrême. Pour éviter les ennuis, pour conserver leurs petites habitudes, continuer à jouer aux cartes, et surtout par peur, ils choisissent de détourner les yeux et de ne pas se révolter. Persuadés qu'en continuant de respecter les nouvelles règles, tout ira pour le mieux pour eux...
Un beau jour et sur décision des scientifiques de l’État, tous les chiens qui ne sont pas bruns doivent être piqués, comme ce fut le cas pour les chats, quelques temps auparavant. C'est ensuite le journal Quotidien qui est interdit de publication. On le remplace par les Nouvelles brunes. Si les mots « chien » et « chat » apparaissent sans être accompagnés de l'adjectif « brun » dans des éditions, celles-ci sont alors jugées non conformes et sont retirées des bibliothèques. La société se « brunit » très vite, si bien que la population prend l'habitude de finir ses phrases par « brun », presque inconsciemment. La possession, par le passé, d'un chien ou d'un chat non brun est désormais punie par les miliciens de la ville qui sont habillés de brun, et cette mesure s'étend aux membres de la famille.
Le contrôle est devenu total et irrémédiable. Le narrateur regrette alors enfin sa passivité :
J'aurais dû me méfier des Bruns dès qu'ils nous ont imposé leur première loi sur les animaux.
Le titre de cet apologue fait explicitement référence à la « peste brune » (surnom donné au nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale). La narration conduite avec le point de vue interne cherche, à travers l'emploi d'un ton anecdotique, à sensibiliser le lecteur aux dangers de la pensée unique et du totalitarisme.
L'histoire n'est pas contextualisée volontairement. L'absence de lieu et de date permet l'identification de tout à chacun et il en va de même pour l'utilisation d'un langage familier et d'un style simple, voire dépouillé. Franck Pavloff explique que :
C'est aussi un texte sur l'échec du discours politique.
Le processus qui mène à l'installation d'une société totalitaire est décrit avec une simplicité et efficacité telles qu'il incite le lecteur à développer sa vigilance et son esprit critique.
Naissance d'un phénomène
Écrite au moment des élections régionales de 1998 et des alliances politiques entre la droite et l'extrême-droite, cette nouvelle cinglante du romancier Franck Pavloff - écrivain né à Nîmes en 1940, diplômé de psychopathologie et de sociologie, auteur de romans noirs et de livres pour la jeunesse – fut d'abord éditée par Actes Sud dans un recueil paru à l’occasion du salon du livre antifasciste de Gardanne.
Franck Pavloff se rendait régulièrement au collège Cévenol du Chambon-sur-Lignon dans lequel il étudiait plus jeune. Il y rencontra Jean-François Manier auquel il confia Matin brun. L'éditeur hésita longuement sur la forme en prose et la commercialisation mais, frappé par le texte, il décida finalement de le publier en petit livre à 1 euro, une somme symbolique reflétant la volonté militante de l'auteur (qui renonça à ses droits) et de l'éditeur.
Son catalogue, traditionnellement composé d’œuvres exclusivement poétiques, venait de s'enrichir d'un texte en prose, futur best-seller.
Le premier tirage à 10 000 exemplaires s'écoule sans aucune difficulté.
Jean-François Manier, s'interrogeant sur la lutte contre le fascisme, choisit de rééditer l'oeuvre en 2002, au moment de la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles. Le livre s'était alors écoulé à 20 000 exemplaires avant le choc du 21 avril 2002.
Lors d'une émission de France-Inter où Jean-Marie Le Pen est l'invité de la rédaction, Vincent Josse mentionne la nouvelle. Cette promotion éditoriale involontaire et improbable fait grand bruit et c'est à ce moment-là que le livre est réellement découvert par le public.
Amorcé par une simple chronique radio, le « phénomène Matin brun », comme le nomme Le Monde le 5 juin 2002, est enclenché.
Vincent Josse veut en faire un disque et contacte, à cette fin, Jacques Bonnaffé et Denis Podalydès pour interpréter le texte et Enki Bilal pour l’illustrer. Le CD se vend à 60 000 exemplaires. Le livre, quant à lui, s'arrache : 80 000 exemplaires sont vendus pendant la seule semaine de Noël !
En 2010, Matin brun en était à sa quarantième édition, traduit dans vingt-cinq langues et vendu à 1,6 million d'exemplaires en France.
Ce phénomène de librairie a donc donné lieu à un livre sonore mais aussi à une adaptation en 2005 sous forme de court-métrage d'animation : Un Beau Matin, réalisé par Serge Avédikian à partir de peintures de Solweig Von Kleist.
Cheyne face au succès
Cheyne est une maison d'édition dont les 200 titres de son catalogue se sont vendus au total à environ 350 000 exemplaires. Ses méthodes d'impression (au plomb dans leur atelier avec une Linotype ou une couseuse) et de distribution sont artisanales.
Le phénomène Matin brun, Jean-François Manier le regarda donc de loin, en spectateur à la fois flatté et amusé. Il refusa à Hachette jeunesse et Pocket de reprendre le texte malgré le prix alléchant proposé et n'accorda pas de remises supérieures aux grandes chaînes de librairie. Franck Pavloff fut bien content de ce « pied de nez aux grandes structures ».
L'édition du livre fut tout de même une aubaine non pas tant en termes de retombées financières que de notoriété et d’image.
Mais ce fut aussi un pari : celui de répondre à la demande (Cheyne engagea des petites mains supplémentaires pour y parvenir) sans exploiter le succès, au risque de transformer le livre militant en simple produit.
Le succès de Matin brun n'eut aucun impact sur la vente des livres de poésie de la maison d'édition mais il permit à cette dernière de multiplier ses visages tout en restant fidèle à sa ligne éditoriale. De l'artisanat typographique au million d'exemplaires vendus d'un même ouvrage, Cheyne est une véritable aventure littéraire.
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Dans le panorama de l’édition française, Cheyne fait entendre, à travers des œuvres maintenant reconnues, une tonalité poétique singulière, où l’expression d’une expérience intérieure rejoint volontiers le questionnement des formes.
Cheyne reçoit près de mille manuscrits par an. Une fois lus, étudiés, sélectionnés, corrigés, une petite douzaine d'entre eux seulement sera publiée. Ce sont ces quelques 400 titres et une grande singularité dans les choix éditoriaux qui font de Cheyne une maison d'édition ambitieuse et humble à la fois.
Le choix de l’impression typographique au plomb (qui répond à une conception du « beau livre ») est la marque de fabrique de la maison d'édition, le signe de son identité. La manière de faire est quasiment artisanale, jusque dans le temps accordé à la lecture, au choix, à la critique, un temps précieux, gage de la qualité des collections et des œuvres éditées.
La poésie publiée par Cheyne se caractérise par son authenticité, son humanité, son interrogation du monde et de la vie. Au sein d'un catalogue construit en toute liberté et indépendance, une dizaine d’auteurs ont publié la quasi totalité de leurs textes à Cheyne et ont ainsi contribué à créer l’identité de la maison. C’est le cas notamment de Jean-Marie Barnaud, Danielle Bassez, Pascal Riou, Patrick Guyon, Dominique Sorrente, Jacques Vandenschrick et Jean-Pierre Siméon. Ces poètes symbolisent la maison d'édition ainsi que Franck Pavloff, avec son livre Matin brun, qui demeure le plus gros succès de Cheyne avec plus d'1,6 million d'exemplaires vendus.
La maison d'édition possède six collections distinctes qui développent chacune leur propre ligne éditoriale.
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A l'origine, la collection était destinée à la publication de premiers recueils. Une fois ces jeunes poètes publiés et leur œuvre devenue importante et reconnue, ils ont contribué à créer le fonds de la maison et son identité poétique, pendant environ douze ans. Nous y retrouvons donc, entre autres, les auteurs sus-cités : Jean-Marie Barnaud, Danielle Bassez, Pascal Riou, Patrick Guyon, Dominique Sorrente, Jacques Vandenschrick et Jean-Pierre Siméon. Compte tenu de la démarche nouvelle (celle d'accompagner ces auteurs, de rééditer leurs titres épuisés), il a fallu créer d'autres collections pour accueillir de nouvelles voix.
La collection s'enrichit chaque année d'environ quatre titres nouveaux. Depuis sa création, cent-dix titres ont été publiés, trente sont épuisés, et environ dix ont été réédités. Les tirages varient entre 800 et 2500 exemplaires.
Les ouvrages s’adressent à tous les publics, particulièrement les enfants et adolescents, mais Martine Mellinette préfère dire qu'ils sont faits « pour entrer en poésie ».
Les livres édités ont donc pour vocation de familiariser, dès le plus jeune âge, les lecteurs avec une poésie forte et exigeante.
Imprimés au plomb, ils se distinguent par la couleur utilisée et les illustrations, toutes réalisées par Martine Mellinette excepté pour le recueil C'est corbeau.
Un grand soin est accordé au lien entre les poèmes et les images, toujours dans ce souci du « beau livre » cher à la maison d'édition. La sobriété adoptée au début de l'aventure a laissé place à davantage de fantaisie, d'images et de couleurs.
Nous retrouvons dans cette collection des auteurs tels que Jean-Pierre Siméon, Alain Serres, André Rochedy, David Dumortier ou encore Isabelle Damotte.
Le nom choisi pour la collection fait référence à un terme d’imprimerie qui désigne les marges extérieures de la page, une métaphore pour décrire le contenu de cette collection. En effet, elle regroupe des textes de prose inclassable, en marge des genres codifiés et normés.
Sur 36 titres publiés, 10 ont été réédités. Entre 800 et 3500 exemplaires sont tirés, soit davantage que pour la collection Verte. Nous y retrouvons les auteurs Danielle Bassez (6 titres publiés dans cette collection), Hubert Voignier, Isabelle Pinçon et Christiane Veschambre.
Parmi les lauréats, plusieurs ont par la suite rejoint d'autres collections de Cheyne comme Jean-Claude Dubois, Isabelle Pinçon et Patrick Guyon. En 2000, le prix Kowalski évolue pour ne plus récompenser que des auteurs ayant déjà été édités. La collection Grise change alors de ligne éditoriale et devient un espace de découverte comme l'était la collection Verte à l'origine, ce qui rétablit l'équilibre des voix éditées.
Chaque année, un ou deux textes sont retenus seulement, choisis et présentés par un auteur de la maison d'édition qui les parraine. La collection compte 14 titres disponibles et les tirages varient de 600 à 2000 exemplaires.
La collection s'attache à publier des poètes contemporains étrangers vivants, reconnus dans leur pays, mais encore peu traduits en France.
Souvent traduits par des poètes, les textes (une à deux nouveautés par an) paraissent en bilingue. Les tirages atteignent 600 à 3000 exemplaires et contribuent à faire connaître des voix venues d'Angleterre, de Turquie, des États-Unis, de Colombie, de Pologne, du Kosovo, d'Albanie, d'Allemagne, d'Italie, de Chine, d'Inde, etc. Parmi les auteurs publiés, nous pouvons citer William S. Merwin, Meng Ming, Ali Podrimja ou bien Czeslaw Milosz.
En 1999, la revue annuelle Etats provisoires du poème est lancée, dans le cadre du festival Les Langagières. D'abord coéditée avec la Comédie de Reims, la collaboration se poursuit avec le TNP de Villeurbanne, dont le directeur n'est autre que Jean-Pierre Siméon. Sept numéros sont aujourd'hui parus et s'engagent à dresser une sorte de cartographie du panorama poétique contemporain. Plus d'une trentaine d'auteurs provenant d'horizons divers y ont publié des poèmes.
Depuis 2002, Cheyne édite les lauréats du Prix de la Vocation, en partenariat avec la fondation Marcel Bleustein-Blanchet. Destinée à encourager et faire rayonner un jeune poète (18-30 ans) de talent, la collection est le berceau de nouveaux auteurs pouvant éventuellement rejoindre d'autres collections de Cheyne plus tard. Ce fut le cas pour la roumaine Linda Maria Baros, lauréate du Prix en 2004 avec Le Livre de signes et d’ombres, qui publia en 2006 un second titre La Maison en lames de rasoir venu rejoindre la collection Grise, puis un troisième ouvrage L’Autoroute A4 et autres poèmes qui parut en 2009 vint enrichir la collection Verte.
A ces collections s'ajoutent également des ouvrages de bibliophilie rares et précieux mais aussi des œuvres hors collections dont la nature nécessite une forme particulière. Il s'agit d'essais sur le théâtre, de lectures à haute voix, de souvenirs, de témoignages, etc. Matin Brun de Franck Pavloff en fait partie.
Source : Le mémoire La collection « Poèmes pour grandir » de Cheyne éditeur : des livres pour entrer en poésie d'Agnès Gros (Université du Maine, 2007).
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Jean-François Manier est né en 1952 à Paris. Il abandonne ses études à HEC et fait le choix de voyager pour « vivre en poésie ». Après un court séjour au Maroc puis une promenade de deux ans à travers l'Asie, il découvre les pays du pourtour méditerranéen, en compagnie de sa compagne Martine Mellinette. Celle-ci, née en 1952 à Neuilly-sur-Seine, a suivi les cours de l'école nationale des beaux-arts. De retour en France à la fin des années 1970 et inspirés par les conseils de l’éditeur René Rougerie, ils suivent une formation de typographie chez un imprimeur et typographe de Montluçon, André Deneuvy. En 1978, ils installent leur propre atelier d'édition de poésie dans un hameau (une ancienne école) nommé « Cheyne », sur le plateau Vivarais-Lignon, dans le village du Chambon-sur-Lignon en Haute Loire. Ce lieu a une histoire riche et forte : berceau de la résistance, lieu de vie de Francis Ponge puis cadre dans lequel Albert Camus écrivit La Peste.
En 1980, les premiers livres édités par l’atelier de Cheyne sont signés André Brun, Geneviève Metge et Jean-François Manier en personne.
Après une dizaine d'années de dur labeur, les éditions Cheyne obtiennent la reconnaissance à travers plusieurs expositions : l'une à la Bibliothèque nationale de France en 1990, et l'autre en 2000, à l'ambassade de France à New York.
Les éditeurs de Cheyne ont fait le choix d'un système de fonctionnement entièrement autonome. Ils fabriquent donc tous leurs livres de la conception jusqu’au brochage en travaillant au plomb avec des machines des années 1960. Ainsi façonnés sur place, les livres voyagent ensuite, menés par Jean-François Manier, à travers quelques 300 librairies françaises, belges et suisses. Cette indépendance est de rigueur jusque dans la diffusion auprès de librairies fidèles mais n'empêche en rien les partenariats réguliers (notamment avec les bibliothèques).
La philosophie de la maison d’édition est toute entière vouée à une littérature contemporaine, poétique, tournée vers la création.
L'exigence du catalogue rime avec une fidélité hors pair à la poésie et la vitalité de ses collections.
Pour faire vivre son catalogue justement, Jean-François Manier participe à de nombreuses rencontres et animations en bibliothèques, dans des écoles ou des salons du livre. C'est donc avant tout le plaisir de la découverte qui anime la maison d'édition : découverte d'auteurs, découverte des lecteurs aussi, lors des fameuses "Lectures sous l'arbre" organisées par Jean-François Manier, un rendez-vous poétique en musique, lectures, concerts, balades, échanges et ateliers de typographie.
Jean-François Manier obtient le Prix Guy Lévis-Mano en 1990 et est fait Officier des Arts et des Lettres en 2007. En plus de son travail d'éditeur, il écrit et publie à Cheyne Comme la terre que le dégel nous rend (1985, 2002), La Maison dans l’allée (1990, 2002), "C'est moi" (1994, 1996) et Passants du peu (2002). Il trouve également le temps de collaborer à des revues telles que Poésie Présente ou Arpa.
Après trente ans d’une aventure éditoriale, humaine, économique et intellectuelle aussi enrichissante que singulière, une centaine d’auteurs publiés et plus de 350 000 volumes de poésie vendus, Jean-François Manier prépare sa succession. En septembre 2013 c’est son assistante d’édition, Florence Buti, qui prendra la direction de la maison. Inscrite dans la continuité de l’esprit Cheyne, Florence Buti amène aussi avec elle le changement puisque l’atelier déménage à la ferme du Besset, au Mazet-Saint-Voy.
Les publications de Cheyne sont régulièrement soutenues par le Centre National du livre et le Conseil Régional d’Auvergne.
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Le fonds prouve que Jean-Pierre Siméon est un auteur protéiforme. Dans ses textes pour la jeunesse, par exemple La Mouche qui lit, il se plaît parfois à parodier de façon ludique les styles et les genres littéraires en offrant des florilèges de pastiches entre le roman, la poésie, l'essai ou le conte traditionnel. Ces mélanges audacieux créent des ouvrages pédagogiques utilisables en atelier.
...et qui prend forme sur scène
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Poète mais aussi homme de théâtre et critique, Jean-Pierre Siméon a rédigé des articles dans la rubrique « Scènes du Off » de L'Humanité, pour le Festival d'Avignon, de 1995 à 2002. On trouve d'ailleurs dans ses archives diverses photographies de pièces jouées lors du festival. Le fonds d'archives de l'écrivain témoigne également du lien crucial entre poésie et théâtre dans son oeuvre personnelle. En effet, pour Jean-Pierre Siméon, c'est une évidence :
(Propos recueillis par Christine Monin et Sophie Brandstrom, "Jean-Pierre Siméon réveille les consciences" (24 septembre 2009) - La Vie n°334) |
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Animé par cette philosophie d'un théâtre essentiellement poétique, Jean-Pierre Siméon regrette que la poésie soit exclue de la scène. Ainsi invente-t-il, aux côtés du metteur en scène Christian Schiaretti, une langue profonde que le lecteur peut s'accaparer. Si le théâtre est dans son essence poétique, il est aussi profondément politique. La poésie véhicule justement ce « dépassement du politique vers le mystère intérieur »* dont parle Laurent Terzieff à propos de la pièce Philoctète de Jean-Pierre Siméon, réécrite d'après Sophocle et inspirée de la sculpture L'Homme qui chavire de Giacometti.
*Propos recueillis et retranscrits par Jean-Pierre Jourdain, "Trois questions à Laurent Terzieff" (juin 2009).
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