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L'atelier de l'écrivain : les archives littéraires

 

 

La Bibliothèque du patrimoine de Clermont-Ferrand, soucieuse de valoriser le patrimoine écrit dont elle est dépositaire, vous propose de découvrir son riche fonds d'archives littéraires qui comprend les fonds de Jean Anglade, Christian Dedet, Amélie Murat, Henri Pourrat, Roger Quilliot, Pascal Riou, Jean-Pierre Siméon, Jean Vissouze et des éditions Cheyne.

Ces archives, collectées au fur et à mesure des années, témoignent de la diversité de la création littéraire française. Elles inscrivent aussi le parcours artistique des écrivains et éditeurs titulaires de ces fonds dans le territoire culturel de l'Auvergne, terre d'enracinement ou d'adoption.

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Les fonds

Henri Pourrat dans son atelier de travail à AmbertSon œuvre, particulièrement vaste (on dénombre pas moins d’une centaine d'ouvrages) est fort diverse : poèmes de jeunesse, romans, biographies, articles, essais historiques, philosophiques ou religieux, contes… Son fort attachement à l’Auvergne lui valut d’être classé, un peu artificiellement, parmi les « auteurs régionalistes ».

BIBLIOGRAPHIE

Sur la colline ronde, avec Jean l'Olagne (1912)

Les Montagnards (1919)

Liberté (1921)

Les vaillances, farces et aventures de Gaspard des montagnes (1922-1931) 4 volumes

Les jardins sauvages (1923)

La combe délaissée (1925)

Le mauvais garçon (1925)

Les Devins (1926)

La Fontaine au Bois Dormant (1926)

Dans l'herbe des trois vallées (1927)

Ceux d'Auvergne (1928)

La Ligne verte (1929)

La Veillée de novembre (1929)

Le Meneur de loups (1930)

Le Bosquet pastoral (1931)

La bataille du Puy-de-Dôme (1931)

L'Auvergne. Les Limagnes (1932)

Les Sorciers du canton (1933)

Monts et merveilles (1934)

Au fort de l'Auvergne (1935)

La Cité perdue (1935)

Contes de la bûcheronne (1936)

Toucher terre (1936)

Le Secret des Compagnons (1937)

La Porte du verger (1938)

Visages de l'Auvergne avec Lucien Gachon, André Bossuat, Henri Charlier et Alexandre Vialatte (1938)

Georges ou les journées d'avril (1940)

L'Homme à la bêche, Histoire du Paysan (1940)

Le Paysan français (1940)

Vent de Mars (1941)

Le Chef français (1942)

Sully et sa grande passion (1942)

Le Blé de Noël (1943)

La Maison-Dieu (1943)

Le Temps qu'il fait (1944)

Sous le Pommier, Les Proverbes de la Terre ou le Commencement de la Sagesse (1945)

Les Saints Patrons (1945)

La Bienheureuse Passion (1946)

Histoire fidèle de la bête de Gévaudan (1946)

Les Légendes d'Auvergne (1947)

Le chemin des chèvres (1947)

Le Trésor des contes Tome I (1948)

L'école buissonnière (1949)

Le Loup-garou et sa bande (1949)

Le Trésor des contes Tome II (1949)

Trois contes de la Colère (1949)

Le Sage et son Démon (1950)

Le chasseur de la nuit (1951)

L'homme à la peau de loup (1951)

Les Saints de France (1951)

Le Trésor des contes Tome III (1951)

La belle Mignonne (1951)

Conté sous l'Alisier (1951)

L'Auvergne, dans: Provinces de France (1951)

Batailles et brigandages (1952)

Histoire des gens dans les montagnes du Centre (1959)

En Auvergne, réédition en un volume de I: Les Limagnes; II Au fort de l'Auvergne (1966)

Les Amours

Les Jours: leurs travaux et leurs sorts

Les contes du Pré Carré

Les Contes du fraisier sauvage

Europe et Paradis (1955)

L'exorciste, vie de Jean-François Gaschon

L'Aventure de Roquefort (1958)

Châteaux en Auvergne (1957)

Almanach des saisons (1965)

L'Épopée de Guillaume Douarre (1953)

Ma maison manque de prières (1954)

Au royaume du vert, roman inédit de jeunesse

Correspondance avec Alexandre Vialatte

 

 

Pourtant, loin d'être le cadre étriqué d'un régionalisme folklorique et désuet, l'Auvergne est pour lui le cadre privilégié pour découvrir et comprendre la nature sauvage et l'esprit paysan (et le lien qui unit les paysans à leur terre) et, par là même, "atteindre l'universel".
Ses poèmes Les Montagnards (1919) forment une chronique en vers, récit de la guerre vécue par les femmes, les vieillards et les enfants du Livradois. On y ressent l'influence très nette de Jammes (pour l'isolement provincial), de Mistral (pour un régionalisme qui va aller en s'accentuant) et de Péguy (pour une certaine pudeur respectueuse des sentiments). Cette poésie, comme dans Liberté (1925), est une sorte de prélude à toute l'œuvre du folkloriste.

Son roman Vaillance, Farces et Gentillesses de Gaspard des montagnes, « l’histoire à cent histoires » (quatre volumes publiés entre 1922 et 1931), qui lui vaudra une notoriété immédiate, allie le réel et le merveilleux dans une chaleureuse description de la campagne.
Les aventures de Gaspard des Montagnes permettent de voyager dans ces montagnes bleues et ces vallons verts et roux qui font toute la beauté des paysages du Livradois-Forez. Les auteurs Nicole Prival et Marie-Claire Tournilhac ont mis leurs pas dans ceux de Gaspard et revisité les lieux véridiques du roman. Passionnées de l’œuvre d’Henri Pourrat, les deux auteurs offrent avec Gaspard des Montagnes,
itinéraire illustré du roman épique d’Henri Pourrat une lecture illustrée : moitié textes (histoire, lieux, personnages du roman, nature et paysages, recettes de cuisines, métiers,  dictons, lexique, etc.), moitié illustrations (dessins, photos, cartes, croquis, cartes postales anciennes, peintures...).
Henri Pourrat reprendra ce thème d'une vie dans son accord avec la nature dans L'Homme à la bêche (1939-1941) et dans Vent de mars (1941). D'autres romans, Mauvais Garçon et Monts et Merveilles, déploient plus de fantaisie, et les prémices d’une dimension satirique s’y font parfois sentir.


Henri Pourrat raconté par sa fille et Jean Anglade

Annette Pourrat parle de son père et de son activité d'écrivain

- Pourrat vu par sa fille

Jean Anglade parle de la collecte d'Henri Pourrat

- La collecte de Pourrat

Jean Anglade évoque l'écriture d'Henri Pourrat

- L'écriture de Pourrat

C'est bien avec le même engouement et la même esthétique que le romancier régionaliste écrit les douze volumes du Trésor des contes, part la plus originale de son œuvre, publiés de 1948 à 1962.

Henri Pourrat y réunit tous les contes qu'il a collectés au cours de ses longues années de promenades dans la montagne. Ces morceaux d’authenticité restituent le mystère et le charme disparu des veillées d'antan.

Mais son œuvre est bien loin de se réduire à ces ouvrages majeurs. Elle comprend d’autres romans – Georges ou les journées d’avril (1941), Le Chasseur de la nuit (1951) – des essais, comme La Porte du verger (1938), L’homme à la bêche (1940), Le Blé de Noël (1943), des ouvrages de spiritualité, des ouvrages historiques, sans parler d’une correspondance suivie entretenue avec de nombreux écrivains et amis comme Alexandre Vialatte, Joseph Desaymard ou Jean Paulhan.
Bon nombre de ses ouvrages furent illustrés par son ami François Angeli.

 


Sa vie
Son oeuvre
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  • Un romancier auvergnat


Jean Vissouze adorait l’Auvergne, il travaillait dans la Limagne, au cœur des volcans.
Ses romans sont des aventures régionales, des fresques puissantes sur fond d’Auvergne aux paysages colorés et grandioses. Ce sont aussi des romans d’échec, où l’oppression de la vie triomphe à jamais, où le bonheur se dérobe toujours mais où les personnages viennent finalement le chercher à nouveau au cœur des Volcans. Pour écrire, Jean Vissouze s’isole d’ailleurs lui-même à la campagne, dans un cadre apaisant, loin de Paris, propice à la création.
Il s’inscrit dans la vie littéraire auvergnate déjà tout jeune étudiant puisqu’il fonda Le Gay Sçavoir, le 5 décembre 1920, journal « régionaliste, littéraire et humoristique » des étudiants clermontois. Dans ce journal écrivaient des articles Jean Vissouze lui-même, Henri Pourrat, Joseph Desaymard ou encore Alexandre Vialatte - ami de Jean Vissouze depuis leurs études universitaires, il fait état dans sa correspondance de brouilles entre écrivains auvergnats et des écrits qu’il envoie pour L’Époque et le Gay Sçavoir. Dans sa correspondance, Henri Pourrat écrit également qu’il compte faire participer Jean Vissouze à son projet de Bestiaire, avec Joseph Desaymard et Lucien Gachon, qui consiste à rassembler des proverbes, dictons locaux et dires de paysans sur les historiettes d’animaux. Les poètes et écrivains d’Auvergne formaient ainsi un important vivier de création dont la figure fédératrice de Jean Vissouze émergeait pleinement avec ses deux journaux.

  • Une écriture balzacienne


Jean Blanzat (directeur littéraire des éditions Grasset) écrivait « On ne parle guère de Jean Vissouze sans ajouter aussitôt qu’il est un romancier balzacien ».
Cette analogie avec l’écriture balzacienne provient de la grande fidélité descriptive et réaliste des personnages, des lieux ou des dates. Tout est mis en œuvre pour produire un « effet » de vérité. Cette vraisemblance est très travaillée et le roman gagne en épaisseur.
Mais ce qu’il y a de balzacien dans l’écriture de Vissouze c’est aussi et paradoxalement la dimension d’invraisemblance à travers le caractère monomaniaque de certains de ses personnages par exemple : entre l’épouse dévote, la mère avare ou la fille aigrie, cupide et meurtrière, voilà le charmant tableau de sa « Comédie humaine » personnelle. Le romanesque des actions et des personnages est aussi très accentué : beaucoup de personnages meurent ou traversent un nombre de péripéties invraisemblable.
Le style de Jean Vissouze rayonne d’une certaine clarté magnétique où le réalisme côtoie l’étrangeté.
Ce qu’il recherche par dessus tout c’est « créer la vie », une certaine mimétique artistique qui doit éviter l’écueil du « romanesque artificiel », ce qu’il explique dans son entretien avec Hélène Jacques-Lerta :

Je doutais de ma connaissance du cœur humain. C’est une très grosse affaire que d’essayer par le roman de recréer la vie. Bien entendu je ne parle pas du roman romanesque. Longtemps, très longtemps je n’ai publié que des choses qui me semblaient plus simples : recherches d’archives, études de monuments, comme ma Monographie de l’église d’Ennezat, ou bien des articles divers, ou bien des poèmes dans des revues et journaux.

  • Ses influences artistiques

 

Séance de décicaces du livre La Montée d'Orcines de Jean Vissouze, DR Inès Vissouze-de Haven

Jean Vissouze confie que ce qui l’intéresse « c’est le témoignage, la reconstruction de la vie, la raison d’être d’un individu et d’une société. Cela, du reste, ne vaut pas seulement pour les livres que j’écris, mais également pour ceux que je lis. D’où ma prédilection pour Stendhal, pour Tolstoï : le vrai roman, à mes yeux, c’est La Guerre et la Paix. » (Propos recueillis par André Bourin, Nouvelles littéraires, 24 novembre 1947).
Il partage aussi avec les Classiques (surtout Racine) son goût des héros raffinés et cruels marqués du sceau de la Destinée. L’œuvre de Jean Vissouze est traversée de souffles chrétiens mais elle demeure en effet proche des Grecs par ce goût pour la violence de la tragédie. Il y a, dans son œuvre toute entière, une sorte d’impossib
ilité du bonheur qui côtoie la croyance en la fatalité.

Il revendique aussi l’influence très forte qu’eut sur lui Charles Maurras.
De nombreuses références à la musique sont présentes dans ses romans et il voue une admiration particulière pour Mozart dont il explique que « la joie et la merveilleuse jeunesse [le] transportent ».
Pour expliquer son goût pour le théâtre qui n’aboutit pourtant pas à la publication de pièces, il se confie en ces termes :

J’ai plusieurs autres pièces à l’état d’ébauches, qui peut-être ne seront jamais écrites. Cela dépend de ce qui l’emportera en moi, de l’auteur dramatique ou du romancier. Je parierais volontiers pour le second. Je me demande parfois si ce goût du roman ne me vient pas du temps où, étudiant, je mélangeais l’inspiration poétique aux disciplines historiques. Il y a de l’historien dans le romancier et réciproquement.

  • Ses romans


Jean Vissouze signe son premier roman en 1945 avec La Croule.
Une fois paru, il met au propre toute la documentation rassemblée et écrit Ecir, un roman-tragédie, dans lequel Jean Vissouze tente une peinture des mœurs plus poussée que dans La Croule et plus subtile aussi, dans le cadre de Saint-Flour. Avec ce titre, il affirme son amour pour les noms mystérieux et rares. Ecir est le nom d’un vent d’hiver comparable au blizzard canadien et soufflant sur la Planèze, le plateau de Saint-Flour. Ce titre symbolise pour lui le climat et les gens de la Haute Auvergne. Il crée deux personnages moins romancés et surtout moins romanesques : Olivier Fontès, le pharmacien et sa fille Noëlle. Jean Vissouze s’inspire toujours du réel. Il explique qu’il note quelques mots et phrases caractéristiques et qu’il se fie à sa mémoire pour la conception du personnage. Il indique également que les noms et prénoms qu’il choisit ne sont pas arbitraires. Il y a une « logique et une magie des syllabes », tout un travail autour de l’onomastique chez Jean Vissouze.

Gérard Bauer attribue à l’auteur « un don d’emprunter au réel des mélanges amers » et Paul Prist salue plutôt la transposition littéraire à laquelle s’adonne l’écrivain : « L’admirable à propos d’Ecir, c’est une lumière qui domine de haut cette peinture de mœurs extrêmement subtile et profonde et l’éclaire d’un jour parfait… Ce roman est un grand roman. Il est plein de feu, plein de verve, d’une vie étonnante, d’un mouvement remarquable… »

Dans Le Jeu et l’enjeu (1949), Jean Vissouze fait le portrait de la jeunesse des années 1936-1946, à travers le destin d’Adrien Meiselet, 18 ans. C’est un jeune homme désespéré, comme beaucoup de ses compagnons. Jean Vissouze choisit souvent des personnages principaux très jeunes car il explique qu’ils lui paraissent plus vigoureux et sincères. Mais la jeunesse d’un personnage est aussi la condition sine qua non pour mêler l’anxiété à la lucidité, le sentimental naïf à la passion fougueuse.
Né à la fin de la Première Guerre mondiale, Adrien assiste aux troubles du Front Populaire. À 21 ans, il est pris par la nouvelle guerre et la défaite. L’histoire de France interfère ainsi avec son destin de citoyen, ce qui n’est pas sans rappeler Frédéric Moreau dans L’Éducation Sentimentale de Gustave Flaubert. Les tristesses du cœur sont parallèles à celles de la société.
Etudiant, clerc de notaire, soldat, précepteur, professeur libre, attaché au secrétariat de la Jeunesse, maquisard ou universitaire : Adrien subit les épreuves de sa patrie et la fatalité de sa génération tout en étant constamment à la recherche d’une position politique et philosophique à défendre. L’écrivain ne lui épargne aucune cruauté. Ce roman, comme tous les autres de Jean Vissouze, est l’histoire d’un échec.


Le Puits du miroir ou La Glace et le Feu (1963) est l’âpre peinture consacrée à un monde avide, rempli de spéculations et d’arrivisme, à travers le portrait d’Alexis Lassagne.
Jeune homme en proie à toutes les tentations, Alexis, dans une histoire ramassée sur trois jours, va tout sacrifier pour réussir. Il tourne le dos au bien et devient l’instrument de sa propre destruction.

La Montée d’Orcines en 1963 est l’histoire d’une rencontre : celle d’un peintre, Natalis, avec un homme qui répare une maison, Lucien le montagnard, et de l’industriel Paul Thierry. Au hasard d’un orage, ils se réfugient ensemble et dénouent certains mystères. Ce roman rassemble les divers éléments de la forme dramatique, notamment la grande fatalité qui surplombe la narration et qui laisse à penser que les actes des adultes résultent de l’éducation enfantine.

Le Beau Gabriel (1964) dont le titre originel était Gabriel et la St Amable est un conte érotique et cruel qui se termine par une scène d’exorcisme. C’est sans nul doute le roman le plus curieux de Jean Vissouze.
Au cours d’une petite excursion à Riom, Gabriel aperçoit une jeune fille dont le visage l’attire au point qu’il ne pense plus qu’à elle durant tout son séjour. Dans une sacristie, il entre dans un placard dans lequel il se retrouve prisonnier. Quand il en ressort, il est seul et enfermé dans la sacristie. Il voit alors sur une chaise un costume blanc et un bicorne noir. Il revêt l’habit et se coiffe du chapeau. Il trouve des clefs, sort et part à la conquête de la jeune fille. Il va alors connaître des aventures extraordinaires, mêlant l’argent, à l’alcool et à la mort. Il parvient à rejoindre celle qu’il aime mais elle ne l’intéresse plus car le destin du costume s’est cousu à sa peau et est désormais scellé à son être.

Cette œuvre sort vraiment de l’ordinaire car s’y superposent des dialogues vifs, des observations aiguës, voire cruelles, de l’humour et de la fantaisie.

Auteur méconnu, Jean Vissouze a écrit une Œuvre riche et variée qui gagnerait à être étudiée tant elle est complexe, à l’image de la vie :

Je suis trop impulsif pour suivre une ligne continue. Ce que j’écris, c’est comme la vie qui passe et dont les instants ne se ressemblent pas.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

L'Eglise de Saint Victor et de Sainte Couronne d'Ennezat, monographie (1924)

Glozel, Nouvelles constatations (1928)

La Croule (1944)

Ecir, Le Pharmacien de Saint Flour (1946)

Le Jeu et l'Enjeu (1949)

La Glace et le Feu ou Le Puits du Miroir (1963)

La Montée d'Orcines (1963)

Le Beau Gabriel ou La Procession (1964)

 
   

 

 

Sa vie Son oeuvre Le fonds Focus sur...

Portrait de Henri PourratHenri Pourrat est né à Ambert, dans le Puy-de-Dôme, le 7 mai 1887. Poète, romancier et conteur français, Henri Pourrat ne quittera cette Auvergne où il est né, qui l’inspire et qu’il évoque tant dans son œuvre, seulement pour de très rares occasions ou déplacements.

En 1905, il est reçu au concours de l’Institut national agronomique qu’il a préparé au Lycée parisien Henri IV, mais au cours de l’été qui suit il découvre qu’il est atteint de tuberculose et est contraint de quitter la capitale pour rejoindre sa famille dans les monts du Livradois et du Forez, terres au climat revigorant.
Il s'impose une vie calme et régulière en consacrant ses journées à la lecture et aux promenades en campagne. Ces loisirs « forcés » développent en lui l’irrémédiable besoin d’écrire jusqu’alors relégué en activité secondaire.
Jusqu’à sa guérison, vingt ans plus tard, il mène la vie d’un demi-malade, allongé le matin devant sa fenêtre ouverte, parcourant la campagne l’après-midi à la découverte du monde paysan, de sa vie, de sa langue (il en recueille les expressions), de ses traditions et coutumes, de ses croyances et surtout de ses contes, dont il entreprend une collecte.
Sa santé fragile l’exonère de la mobilisation au moment de la déclaration de guerre en 1914. Le conflit lui inspire d’ailleurs Les montagnards, publié en 1919.
Avec son frère Paul, Henri se lie d’amitié avec, un autre Ambertois, Alexandre Vialatte, futur auteur de chroniques originales mêlant grande intelligence et humour absurde.
Leurs relations épistolaires se composent d’un millier de lettres écrites de 1916 à 1959 qui témoignent d’une profonde amitié, propice à l’échange de leurs avis et de leurs expériences, le tout avec une franchise remarquable. Henri Pourrat rencontre également Jean Paulhan en 1920.
Pendant l'entre-deux-guerres, Henri Pourrat donne quelques articles à la rédaction du journal des Croix-de-feu, Le Flambeau.
En 1921 est publié Les vaillances, farces et aventures de Gaspard des montagnes qui met en scène un paysan de la région d’Ambert, Gaspard. Le héros participe, malgré lui, aux sanglantes campagnes napoléoniennes et, rescapé des massacres, revient au pays après la défaite de la Grande Armée. Il se trouve rapidement plongé dans une succession d’aventures où l’auteur mêle aussi bien les contes, les légendes et des faits réels comme l’assassinat du propriétaire du moulin à papier « Richard de Bas ». L’ouvrage est articulé autour de « veillées », ces longues soirées d’hiver durant lesquelles les anciens contaient des histoires devant la cheminée.
Les volumes de Gaspard des montagnes furent adaptés pour la télévision au milieu des landes et des bois du Livradois, avec Bernard Noël dans le rôle principal.

Ecoutez Henri Pourrat parler du Livradois qui lui inspira le cadre de Gaspard des Montagnes
("Souvenirs d'Henri Pourrat" 1887-1987)

- Henri Pourrat raconte une pêche aux écrevisses et sa promenade solitaire dans le Livradois

Henri Pourrat et sa femme Marie
En 1926, l'université de Dublin confère à Henri Pourrat le titre de docteur honoris causa.
En 1928, il épouse Marie Bresson au Vernet la Varenne et publie Ceux d’Auvergne.
L’année suivante, son père décède. En 1930, un voyage dans le midi coïncide avec la publication du troisième tome de Gaspard des montagnes ; c’est aussi l’année de la naissance de sa fille aînée Françoise. Viendront ensuite au monde Claude (1934) et Annette (1935).
Le 14 octobre 1940, sur l'invitation de Pourrat, chantre du retour à la terre, le maréchal Pétain, chef de l'État français, vient « à la rencontre du peuple travailleur » à Ambert, tout proche de Vichy. Il visite le moulin à papier le plus ancien du Livradois et y passe commande d'une rame de papier filigrané à son emblème.
C'est à cette occasion qu'Henri Pourrat publie Le Paysan français et Le Chef français, des articles dédiés au maréchal et à sa politique de « retour à la terre ». Pourrat est partisan de la Corporation paysanne mise en place par le gouvernement de Vichy mais, par la suite, il s'éloigna de la Révolution nationale car il n'apprécia pas, et il le dira dans sa correspondance, la tournure politicienne prise par les évènements.
Fondateur de l'association La Feuille blanche, Pourrat crée dans le moulin Richard-de-Bas un Musée du papier inauguré le 3 juillet 1943, et tente d'y fixer un village des arts graphiques.

Henri PourratHenri Pourrat a produit une œuvre aussi abondante que diverse, allant des poèmes de jeunesse aux essais philosophiques, en passant par des romans, contes ou biographies. Il fut récompensé par de nombreux prix et distinctions littéraires.

En décembre 1921, il obtient le Prix du Figaro pour le premier volume de Gaspard des Montagnes et, dix ans plus tard, pour l'ensemble des quatre volumes, le grand Prix du roman de l'Académie Française. Il reçoit le Prix Goncourt pour Vent de Mars en 1941. Il obtient la même année le prix Muteau de l’Académie française pour son livre à caractère historique L’Homme à la bêche.
Les douze ou treize dernières années de sa vie sont entièrement consacrées au monumental Trésor des Contes auquel il attachait une grande importance.
Il demeura toujours fidèle à l'Auvergne, cadre de la presque totalité de ses écrits, et mourut le 16 juillet 1959 à Ambert où il repose.

L'Association des Amis d'Henri Pourrat et le Centre Henri Pourrat défendent l'œuvre de l'écrivain. En 1979, à l'occasion du vingtième anniversaire de sa mort, FR3 Auvergne Radio a réalisé une série de dix émissions pour la collection Histoire d'en parler.

 

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Portrait de Jean Vissouze, La Ribbe, 1950, DR Inès Vissouze-de Haven Cette biographie a été rédigée par Inès Vissouze-de Haven, belle-fille de l’écrivain Jean Vissouze.

Jean Vissouze naît à Limoges le 10 décembre 1898.

Son père, Edouard Vissouze, vérificateur des poids et mesures, est nommé à Riom en 1901. Jean fait ses études primaires et secondaires au Collège Michel de l'Hospital à Riom. Il manifeste des prédispositions littéraires dès l'âge de 11 ans et un goût prononcé pour l'histoire ancienne, la Bible, l'Histoire sainte et l'archéologie. Il fréquente les librairies, lit les journaux, étonne les professeurs qui le rencontrent chez le marchand de journaux.

À la déclaration de guerre en 1914, Jean Vissouze n'a que 15 ans et se fait remarquer par sa curiosité précoce pour la politique. Il est influencé par les idées royalistes et adhère à l'Action Française. Très patriote, il devance l'appel, s'engage en 1917, est gravement blessé, fait prisonnier, rapatrié et décoré de la Croix de Guerre.


Jean Vissouze et sa femme Suzanne, 1949, DR Inès Vissouze-de HavenEn convalescence à Saint Anthème, près d'Ambert, il revoit Alexandre Vialatte, Henri Pourrat et Joseph Desaymard. A la faculté de Lettres de Clermont, en 1920, il fonde Le Gay Sçavoir, journal pour les étudiants, et prépare sa licence de Lettres sur l'art chrétien avec le Professeur Louis Bréhier. En 1922, il épouse Suzanne Vallienne qui a terminé sa licence de Lettres, elle aussi à la faculté de Clermont. Dans les églises d’Auvergne, Jean Vissouze découvre l'art roman et écrit une monographie sur l'église d'Ennezat. Une fois diplômé d'Histoire en 1923, il obtient, un an après, la grande médaille d'argent au Congrès Archéologique de France et devient la même année membre titulaire de l'Académie des Sciences, Lettres et Arts de Clermont-Ferrand.


Professeur à Saint Flour (de 1921 à 1924), il s'intéresse à l'affaire Glozel dont on découvre le site préhistorique en 1924, et publie, avec Antoine Vergnette, les Nouvelles constatations. Il achète une imprimerie et exerce le métier d’imprimeur à Clermont-Ferrand jusqu’en 1933, année à laquelle Jean Vissouze s'installe à la campagne avec sa femme et ses trois fils.

Ils achètent "La Ribbe", à Crouzol, pour créer un collège d'enseignement secondaire privé dans lequel, pendant la Seconde Guerre mondiale, ils emploient et mettent à l'abri des professeurs et des élèves juifs. C’est à cette même époque que Jean Vissouze écrit et publie ses premiers romans : La Croule (1945) et Ecir (1946) qui est couronné par l'Académie Française. Il tient également un journal intime du 8 mai 1945 au 6 janvier 1947. Membre du Syndicat des Ecrivains Français, il obtient le Prix Montyon en 1948.

En janvier 1949, Jean Vissouze est pressenti pour diriger le journal conservateur L'Époque mais ce poste ne dure que trois mois, au grand regret d'Henri Pourrat, Alexandre Vialatte et plusieurs autres auteurs auvergnats collaborant à la rédaction d’articles. Il est ensuite rédacteur en chef de la Page Agricole de ce même journal jusqu'en 1951. L’Époque fut ensuite absorbé par L’Aurore.

Il partage son temps entre Paris et la Ribbe, continue à écrire et publie en 1949 son troisième roman Le Jeu et L'Enjeu pour lequel il obtiendra plusieurs voix au prix Fémina.

En 1952, il décide d'aller tenter sa chance au Maroc en créant le "collège climatique" de Sefrou, de 1953 à 1957, puis le "Collège du Parc" à Casablanca, de 1958 à 1964. Il y assure les cours de français et d'histoire.

Entre temps il est nommé Chevalier dans l'Ordre des Palmes Académiques (1962).


Jean Vissouze ne cesse d’écrire en parallèle à sa carrière dans l’enseignement. Trois romans paraîtront ainsi dans cette période : La Glace et le Feu et La Montée d'Orcines en 1963, puis Le Beau Gabriel en 1964.

Conférence de Jean Vissouze, DR Inès Vissouze-de HavenLe couple Vissouze, DR Inès Vissouze-de HavenMembre du Rotary, il donne des conférences sur des thèmes historiques, la plupart se rapportant à l'Auvergne dont il est spécialiste. Il écrit aussi huit pièces de théâtre qui ne seront pas publiées mais certaines sont montées et jouées à Casablanca par une troupe d'amateurs.En 1964, Jean Vissouze revient en Auvergne. Il obtient le Prix des Volcans pour son ouvrage La Montée d'Orcines. Il achète le château de Crouzol en face de la Ribbe (vendue après son premier départ au Maroc) et entreprend d'importants travaux dans la propriété pour créer à nouveau un collège d'enseignement secondaire, le "Collège de Crouzol".
Celui-ci prospèrera jusqu'en 1968, date à laquelle les événements de mai et des dépenses imprévues porteront un coup fatal à la bonne marche de l'établissement. Jean Vissouze sera obligé de quitter la région en 1972.

 

Cet homme très érudit, assez austère mais aussi fantasque et grand seigneur à ses heures, idéaliste dans ses convictions, psychologue et pédagogue, à la parole captivante, croyait en Dieu. Il était respectueux, curieux de toutes les croyances et beaucoup de ses proches et élèves disaient de lui qu’il était un « maître ». En 1976, soit deux ans avant sa mort, il écrit un dernier récit autobiographique bouleversant, resté inédit, retraçant un événement douloureux vécu dans sa jeunesse, qu'il garda secret, et qui le poursuivit pendant toute sa vie.

Il meurt le 19 novembre 1978 à Paris. Ses obsèques sont célébrées en même temps que celles de son fils Alain qui l'a rejoint dans la mort vingt-quatre heures après que lui-même se soit éteint. Son épouse Suzanne décède deux ans plus tard. Elle ne supporta pas l'absence de son compagnon avec qui elle formait un couple très complémentaire, en symbiose intellectuelle.

Jean Vissouze est inhumé à Riom.



 

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Amélie Murat et Henri Pourrat : l’amitié littéraire, ressort de la création

 

Amélie Murat et Henri Pourrat entretenaient une relation d’amitié et d’estime très forte, renforcée par les origines auvergnates qu’ils partageaient tous deux.
Dans leurs fonds respectifs, ces liens sont probants : ils s’échangent des courriers, s’envoient des manuscrits, s’enquièrent de l’avis de l’autre sur leur création.

 
   

Dans un petit carnet de citations, la poétesse retranscrivait des bribes de poèmes ou des morceaux de romans qui l’avaient particulièrement marquée ou touchée. L’un d’eux s’intitule La Claire Fontaine, signé Henri Pourrat. Cette collection de mots sélectionnés et chéris dans ce carnet nous instruit beaucoup quant aux goûts d’Amélie Murat et de ses éventuelles influences.

 
   

Amélie adressa aussi une dédicace à l’auteur du Trésor des Contes dans laquelle elle lui manifeste, sobrement, en peu de mots, toute son amitié et lui reconnait une importance capitale pour le patrimoine auvergnat.
Échangeant beaucoup autour de son œuvre, la poétesse adresse à Henri Pourrat certaines de ses œuvres, y compris une nouvelle, Le Collier de Faustine où il est question de terre auvergnate bien entendu, mais aussi de littérature. Elle y fait référence en effet à un « poète qui habite la montagne » mais qui « vint à la ville » pour acheter un collier à une chatte nommée Faustine. Dans ce récit mystérieux, Amélie fait montre d’une prose toujours très poétique, mystérieuse autant que chaleureuse où l’on aurait bien envie de croire que le poète dont elle parle n’est autre qu’une métaphore pour désigner son ami Henri Pourrat.

Henri Pourrat manifeste aussi son admiration pour la poétesse, notamment dans cette lettre datée du 11 juin 1935. Leur relation intellectuelle, fondée sur le partage littéraire, apparait sous un beau jour puisque Henri Pourrat lui témoigne son plaisir à la lecture du recueil Le Chant de la vie qu’elle lui avait adressé. C’est aussi une relation de confiance qui s’était visiblement établie puisque Henri Pourrat en profite pour lui annoncer la naissance de sa fille Annette.
Henri Pourrat célèbre le lyrisme poétique d’Amélie dans un brillant éloge puis l’importance de son œuvre pour la poésie féminine dans un article. Dans ces deux textes, les analogies avec le feu sont frappantes : « La première fois que je vis Mlle Murat, elle venait d’allumer le premier feu de septembre. C’était un bien léger bûcher, composé de souliers de bal, de diplômes, de jeux floraux et de racines d’iris. Une fumée bleue fuyait, pareille à celle d’un encens. Au milieu de soixante volcans éteints, cette seule fumée vivante allait bénir le Royat des palaces » mais aussi «  Peut-être une lumière d’aurore » ou encore « la poésie française est un feu qui éclaire (…) son lyrisme (en parlant d’Amélie Murat) tout clarté (…) pétille (…) il brûle (…) s’élance avec ce tremblement ardent et limpide de la passion devenant poésie ; et il faut dire qu’il fume aussi, car la flamme se courbant, une fumée monte alors ».
Bien loin de considérer Amélie Murat comme la froide et mélancolique poétesse souvent injustement dépeinte, il avait su lire en elle l’ardeur et déchiffrer la lumière de sa poésie, toute en douceur et très liée aux forces de la nature et de l’âme torturée.

Dans le Tombeau d’Amélie Murat, magnifique texte d’éloge posthume pour la poétesse (paru dans Blé de Noël en 1942 et disponible ci-dessous dans deux versions différentes, manuscrite et tapuscrite), Henri Pourrat célèbre son grand sens de l’amitié puis finit par écrire de sa destinée qu’elle prit « tout son sens dans la lumière, par delà les montagnes, par delà les étoiles ». La poétesse s’inscrit donc à tout jamais dans la lumière, sous le regard éclairé et sincère de l’écrivain auvergnat.

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