La Bibliothèque du patrimoine de Clermont-Ferrand, soucieuse de valoriser le patrimoine écrit dont elle est dépositaire, vous propose de découvrir son riche fonds d'archives littéraires qui comprend les fonds de Jean Anglade, Christian Dedet, Amélie Murat, Henri Pourrat, Roger Quilliot, Pascal Riou, Jean-Pierre Siméon, Jean Vissouze et des éditions Cheyne.
Ces archives, collectées au fur et à mesure des années, témoignent de la diversité de la création littéraire française. Elles inscrivent aussi le parcours artistique des écrivains et éditeurs titulaires de ces fonds dans le territoire culturel de l'Auvergne, terre d'enracinement ou d'adoption.
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La revue Conférence |
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Créée en 1995 par Christophe Carraud, ancien élève de l'École Normale Supérieure et agrégé de lettres, la revue Conférence a maintenant près de vingt ans d’existence. Elle emprunte son titre à Montaigne « Le plus fructueux et naturel exercice de notre esprit, c’est à mon gré la conférence… La cause de la vérité devrait être la cause commune ». Revue poétique, Conférence aborde différents thèmes tels que les visages de la terre, la transmission, la richesse, l’usage du temps, la démocratie, l’art contemporain, la beauté des corps ainsi que des sujets de réflexion autour du livre et la lecture (y compris numérique). Cette aventure poétique est riche aujourd'hui de 35 volumes foisonnant de traductions, de réflexions politiques, de publications de textes parfois inédits d'écrivains et de penseurs du passé, méconnus ou/et essentiels, de gravures ou encore de photographies. Ainsi, chaque numéro comporte un cahier thématique, un cahier de création (poésie, prose, essais d'auteurs français et étrangers, un cahier d'images (peinture, gravure, photographie), un cahier de traductions et un ou plusieurs inédits de grands auteurs disparus. Chaque numéro fait l’objet d’un soin tout particulier de mise en page et de présentation avec une impression sur papier bible par Darantiere, l'un des maîtres de la typographie française et longtemps imprimeur de la Pléiade. La revue est semestrielle, elle paraît au printemps et en automne avec le concours du Centre National du Livre et de la Région Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Parmi ses 450 abonnés, la revue compte les prestigieuses universités de la Sorbonne, de la rue d'Ulm, l'Institut de France, la BNF, et les universités étrangères Harvard, Yale, Wartburg Institut de Londres, New York University, Université de Rome, Fribourg, etc. En guise de prolongement littéraire et esthétique de la revue, Christophe Carraud a monté la maison d'édition Les Éditions de la Revue Conférence qui ont reçu en 2008 le Grand Prix de bibliophilie Jean Lurçat de l'Académie des Beaux-Arts. |
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Pascal Riou a publié à Cheyne (collection Verte) toute son œuvre poétique qui compte aujourd'hui une dizaine de titres.
Son activité poétique atteste de l'importance de la spiritualité pour lui.
En effet, Pascal Riou est issu de la longue et riche tradition des poètes chrétiens.
Très attaché à la terre et à la nature dans laquelle l'homme doit trouver sa place en harmonie, les quatre éléments sont autant de figures invoquées pour symboliser l’amour, le deuil, le combat et parfois l’osmose entre la lumière et la nuit, le temps qui passe, la vie, en somme.
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Sur ton visage la saison s’écaille
et toi, tu t’en vas dans l’air qui afflue
tout au bas du jour ;
mais tu ne sais qui de toi s’engage, là-bas,
vers la montagne telle un vent.
Plus loin les haies se couronnent de baies
à l’appel du ciel nouvellement baigné
luisant dans l’eau secrète
comme si, par le travers lumineux des arbres
un autre temps s’insinuait.
Dans ton regard s’élancent l’escapade
de la lumière,
l’embrun béni de la joie…
Vent d’Est,
la mer doit être par paquets, et merveille.
L'Appel, Le Jardin dispersé
Pascal Riou œuvre pour une poésie de la spiritualité humanisée et incarnée, une poésie qui s’inscrit dans le réel mais qui n’en est pas moins sacrée.
Pascal Riou est également le traducteur du poète américain W.S Merwin et cette activité essentielle éclaire singulièrement sa figure d'écrivain. « Écrivain de l’ombre », « homme invisible », « présence absente », le traducteur idéal doit effacer toute trace de son existence pour donner au lecteur l’illusion qu’il a accès directement à l’original. Truchement qui ne s’interpose pas entre la création et l’objet retraduit, le traducteur existe pour et dans la voix de l’autre, il se plie à un esprit, adopte une écriture comme on revêt un costume et permet in fine le rayonnement d’une œuvre, d’un univers.
Pourtant, une forme de symbiose a lieu car pour que la traduction soit bonne, vivante et inspirée, le traducteur doit pouvoir s’identifier à l’auteur, que ce soit moralement, intellectuellement, artistiquement ou psychologiquement.
La créativité ne saurait être complètement effacée et, parfois, le traducteur insuffle son esthétique propre ou s’inspire de ce qu’il traduit pour nourrir sa création personnelle. La poésie de W.S Merwin, surtout dans ses derniers recueils, est empreinte de philosophie bouddhiste et atteste de l’importance de la nature pour lui.
L’environnement fragile est sensiblement lié à la vie intérieure et intime du poète : une esthétique proche de celle du poète français.
BIBLIOGRAPHIE |
Cordélia des nuées (1991) La Gloire secrète (1993) Il y a beaucoup de demeures (1997) Le Jardin dispersé (2000) Comme en un jour (2003) États provisoires du poème III (2003) Le Percheron l'aurige et les Grenouilles ou l'art des beaux livres (2002) Cheyne, a French Publisher of Contemporary Poetry (2000) |
BIBLIOPHILIE |
Cordelia des nuées, collages d’Henriette Lambert (1990) Quand on se lève, peintures de Jean-Pierre Schneider (1993) Toujours courir, peinture de Jean-Pierre Schneider (1997) De la nature des hommes, lithographies de Philippe Ségéral (2004) Pour Dieu, disait le Roi, gravures de Ra’anan Levy (2008) |
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Né le 6 juillet 1954 à Aix-en-Provence, Pascal Riou réside aujourd'hui à Pertuis, dans le Vaucluse.
Il étudia à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud puis obtint l'agrégation de lettres modernes en 1981. Il enseigne depuis 1987 la littérature et le théâtre en classes préparatoires littéraires (depuis 2006 en khâgne) au lycée Frédéric-Mistral d’Avignon.
Son œuvre compte plus d'une dizaine de titres, essentiellement publiés chez Cheyne Editeur, maison d'édition auvergnate, où Pascal Riou fonda et dirigea pendant près de dix ans, aux côtés de Marc Leymarios, la collection D'une voix l'autre. Cette collection est consacrée à la publication bilingue d’œuvres poétiques étrangères contemporaines, méconnues du grand public. Elle promeut les écrits de ces poètes étrangers et de leurs traducteurs français – souvent poètes eux-mêmes - à l'aide d’une traduction couvrant un vaste champ linguistique : albanais, allemand, anglais, chinois, espagnol, hindi, italien, néerlandais, polonais, tchèque, turc, etc. La collection est désormais sous la responsabilité de Jean-Baptiste Para. Pascal Riou est également expert européen pour les questions de traduction littéraire et ses propres poèmes sont traduits en anglais, italien, grec et lituanien.
Il est aussi un fervent défenseur des lectures publiques à haute voix.
- Pascal Riou et la lecture publique
C'est en ce sens qu'il participa à la première Lecture sous l'arbre de 1992, organisée par Jean-François Manier, et dont il devint un invité régulier.
Depuis 1998, il est le directeur adjoint de la revue littéraire Conférence qui publie une partie de son œuvre et il se charge aussi des Rencontres de Conférence au Chambon-sur-Lignon.
Sa réflexion touche aussi la peinture puisqu'il poursuit depuis de nombreuses années un travail sur Paul Cézanne et développe un dialogue étroit avec les plasticiens. Il collabore en effet avec des peintres et des photographes contemporains pour des livres d'artistes par exemple ou en rédigeant notamment de nombreuses préfaces à leurs œuvres.
Il œuvre aussi pour le mécénat culturel et social en étant Président du club d'Avignon de la Fondation de la Banque Populaire.
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Docteur ès lettres, Roger Quilliot était spécialiste de l'œuvre d'Albert Camus, dont il prépara l'édition des œuvres complètes dans la collection La Pléiade.
Le fonds contient une correspondance de qualité entre les deux hommes qui entretenaient une relation d'ordre intellectuel et professionnel qui évolua peu à peu vers une estime partagée.
Roger Quilliot envoyait à Albert Camus les avancées de l’étude qu'il réalisait sur l’œuvre de l’écrivain et qu'il publia en 1956 sous la forme de l'essai La Mer et les prisons ; il analyse dans celui-ci tout à la fois la création littéraire et la réflexion philosophique d’Albert Camus. Ce dernier, dans ses lettres, commentait ses choix, le plus souvent en saluant la qualité d'analyse de Roger Quilliot mais parfois en émettant des réserves, notamment concernant l'influence supposée de Jean-Paul Sartre sur ses écrits.
Les lettres de Camus témoignent également de son rôle d'intermédiaire entre les éditions Gallimard et Roger Quilliot. Il intercéda en faveur de ce dernier pour la publication de ses ouvrages littéraires mais il apporta aussi un regard critique sur l’œuvre de Roger Quilliot, prodiguant conseils et suggestions de corrections. Il lui reprocha, par exemple, un souci excessif de vérité qui éloignait l’œuvre de la transposition littéraire nécessaire.
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Ces lettres furent aussi l'occasion pour les deux hommes d'échanger des réflexions sur les théories politiques et leurs applications, en particulier le marxisme.
Roger Quilliot a aussi correspondu avec Francine Camus, la veuve de l'écrivain, et les proches d'Albert Camus afin de rassembler des documents et collecter les informations lui permettant de concevoir le recueil des œuvres complètes de Camus pour la collection La Pléiade.
Les lettres de René Char insistent principalement sur le problème de publication des œuvres complètes d'Albert Camus pour la collection La Pléiade ; en effet, René Char s'opposait farouchement aux coupes que voulait réaliser Francine Camus dans les cahiers de son mari, après son décès en 1960. Mais René Char, dans ces échanges épistolaires, salue également la « pensée honnête et pleine de talent » de Roger Quilliot.
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Le travail littéraire de Roger Quilliot porte sur deux thèmes principaux : l'engagement politique et Albert Camus.
Roger Quilliot a consacré plusieurs livres au pouvoir municipal, à l'instar d'Une écharpe de maire (1981) et de Misères et grandeur des maires de France (1997). Il est l’auteur d'essais politiques tels que La société de 1960 et l’avenir politique de la France (1960) et La liberté aux dimensions humaines (1967).
Le travail de recherche politique et historique qu'il a mené pour La SFIO et l’exercice du pouvoir 1944-1958 (1972) fait de ce livre un ouvrage de référence sur la IVe République.
Co-écrit avec son épouse Claire et s'inspirant de l'affaire Salengro, L’Homme sur le pavois (1976) questionne la place de l'homme politique dans les rouages des jeux de pouvoir à travers la figure fictionnelle du « Camarade Colot », nommé ministre de l'Intérieur en plein Front Populaire et cible de toutes les critiques – émanant de l'opposition aussi bien que de la gauche à laquelle il appartient. L’œuvre se conclut sur ces mots : « Quel drôle de métier que le nôtre ».
Roger Quilliot est aussi et surtout l'un des meilleurs spécialistes de l’œuvre de Camus. Il lui consacre l'essai La Mer et les prisons (1956), avant de s’atteler à l’édition de ses œuvres complètes dans la collection La Pléiade (1962-1965). Sa correspondance, avec Albert Camus lui-même, mais aussi Paul Bénichou, Dino Buzzati, Pierre-Georges Castex ou encore René Char, montre à quel point il fait figure de référence parmi ceux qui s'intéressent à la grande figure de la littérature de l'absurde.
Ecoutez Roger Quilliot parler de son rapport à la littérature, à la vie politique, à Albert Camus et de son roman L'Homme sur le pavois dans l'émission Agora de 1987:
- Quilliot et son rapport à la littérature, l'action et Camus
- Quilliot et L'Homme sur le pavois |
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BIBLIOGRAPHIE |
La Mer et les Prisons (1956), essai sur Albert Camus La société de 1960 et l’avenir politique de la France (1960) La liberté aux dimensions humaines (1967) La SFIO et l’exercice du pouvoir : 1944-1958 (1972) L'Homme sur le pavois (1976) avec Claire Quilliot Une écharpe de maire (1981) Cent ans d'habitat social : une utopie réaliste (1989) avec Roger-Henri Guerrand, Albin Michel Misères et grandeur des maires de France (1997) Mémoires (1999) |
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