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L'atelier de l'écrivain : les archives littéraires

 

 

La Bibliothèque du patrimoine de Clermont-Ferrand, soucieuse de valoriser le patrimoine écrit dont elle est dépositaire, vous propose de découvrir son riche fonds d'archives littéraires qui comprend les fonds de Jean Anglade, Christian Dedet, Amélie Murat, Henri Pourrat, Roger Quilliot, Pascal Riou, Jean-Pierre Siméon, Jean Vissouze et des éditions Cheyne.

Ces archives, collectées au fur et à mesure des années, témoignent de la diversité de la création littéraire française. Elles inscrivent aussi le parcours artistique des écrivains et éditeurs titulaires de ces fonds dans le territoire culturel de l'Auvergne, terre d'enracinement ou d'adoption.

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Les fonds

L'attirance des grand larges

Couverture de La Mémoire du fleuve, Paris, Editions Phébus, 1984, 459 p.Une grande partie des œuvres de Christian Dedet fait écho à sa vie d'aventurier. Ses romans et récits se situent, entre autres, en Espagne - Le Plus grand des taureaux (1960), Le Métier d'amant (1962), La Fuite en Espagne (1965) - en Algérie - L'exil (1967) dont l'action se déroule pendant le drame algérien, Le soleil pour la soif (1978) lors des premières années de l'Algérie indépendante-, au Vénézuela (Le Secret du Dr. Bougrat, 1988) et même au Japon (Les Fleurs d'acier du Mikado, 1993).

L’Afrique subsaharienne occupe elle aussi une place prédominante dans son œuvre. A travers des récits comme La Mémoire du fleuve (1984), Ce Violent désir d’Afrique (1995), Au Royaume d’Abomey (2000), Christian Dedet prouve qu'il est un fin connaisseur des secrets de ce continent, dont il révèle, avec passion, la splendeur des décors et l'authenticité des relations qui s'y nouent.

La Mémoire du fleuve, par exemple, retrace l'histoire d’une famille de myénés orungo du Gabon, de la colonisation aux indépendances, à travers la problématique des « détribalisations » de l’Afrique. Christian Dedet offre, à travers la figure de Jean Michonet, un témoignage unique sur ces civilisations mystérieuses appartenant à un monde ancestral où se mêle anthropophagie, sorcellerie et chasses incroyables.

Christian Dedet puise également au coeur de son inspiration hispanique pour nourrir son essai Passion tauromachique dans lequel il défend avec ferveur l a corrida.

La précision d'une écriture chirurgicaleCouverture d'Au Royaume d'Abomey, Paris, Editions Actes Sud, 2000, 291 p.

Christian Dedet se plaît à retracer des chroniques de vie, imaginaires ou réelles, d'individus aux destins hors du commun. Ainsi se succèdent dans ses ouvrages les épopées des aventuriers Pierre Bougrat, Jean Michonet ou encore Roger Fabre. L'écrivain pose sur ces vies le regard franc, lucide et sans concession du médecin et, pour inscrire le plus possible ses récits dans le réel, il a recours au métissage des matériaux littéraires : journal (par exemple le journal de la fille de l'ingénieur maritime Louis-Emile Bertin pour écrire Les Fleurs d’acier du Mikado), récit de voyage et documents ethnographiques (Au Royaume d’Abomey).

Au coeur des sixties

Couverture du Tome 1 (1958-1963) de Sacrée Jeunesse - Chronique des

 

A partir des années 2000, Christian Dedet revient à des écrits plus intimes et c'est en 2003 qu'est publié Sacrée Jeunesse, première partie (1958-1962) d’un journal autobiographique et littéraire que l'écrivain tient depuis 1958. L'auteur y raconte ses études de médecine dans les années 1950, ses amours, ses premiers livres, ses voyages. Au fil de la lecture, on rencontre une galerie de portraits d'écrivains libres et spirituels (Henry de Montherlant, Louis-Ferdinand Céline, Joseph Delteil - figure tutélaire de Christian Dedet - Charles-Louis Philippe, Jean-René Huguenin et Albert Cossery) et l'on assiste à l'affirmation d'une jeune littérature autour des éditions du Seuil.

Dans ce carnet, Christian Dedet célèbre, avec tendresse et humour, la jeunesse de ce début des sixties.

 


BIBLIOGRAPHIE


Romans

Le Plus grand des taureaux (1960)
Le Métier d’amant (1962)
L’Exil (1967)
La Casse (1973)
Le Soleil pour la soif (1978)

Récits

La Fuite en Espagne (1965)
La Mémoire du fleuve (1984)
Le Secret du Dr. Bougrat (1988)
Les Fleurs d’acier du Mikado (1993)
Ce Violent désir d’Afrique (1995)
Au Royaume d’Abomey (2000)
Histoire d'eaux (2006)

Essai

Passion tauromachique (1986)

Journal

Sacrée Jeunesse - Chronique des « sixties », Tome I (1958-1963), 2003

 

Sa vie
Son oeuvre
Le fonds
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La Mémoire du fleuve : Cette histoire d’une famille de myénés orungo du Gabon, des débuts de la colonisation aux indépendances, à travers les ambiguïtés et les « détribalisations » de l’Afrique, sera maintes fois rééditée jusqu’à devenir un livre-culte pour les amoureux de l’Afrique.

 

Ce violent désir d’Afrique (Flammarion, 1995 ; France-Loisirs, 1996 ; prix François-Sommer de la fondation de la Nature et de la Chasse) est une chronique de la grande chasse africaine, de notre après-guerre aux récents conflits dans les régions sub-sahariennes.

Portrait de Christian DedetChristian Dedet est né le 12 septembre 1936 dans le Languedoc.
Son enfance se déroule entre le château de Cournonterral (Hérault), la ville d’Alès (Gard) et le collège Santa Maria Immacolata de Rome.

A 19 ans, après un voyage estival en Grèce, au Liban, en Syrie et en Égypte, il commence ses études de médecine à l’université de Montpellier et anime en parallèle, et jusqu'en 1961, la revue littéraire Les Cahiers de la Licorne avec Henk Breuker, Jean Joubert et Francis Catel.

Christian Dedet est encore étudiant à la faculté de médecine lorsqu'il publie en 1960 son premier roman Le Plus grand des taureaux qui reçoit un excellent accueil des critiques.
Une fois devenu médecin thermal à Châtel-Guyon, il consacre la moitié de son temps à l’écriture et mènera cette double vie entre médecine et littérature pendant trente-trois ans.
En marge de l'écriture romanesque, Christian Dedet a également été membre du comité littéraire de la revue Esprit de 1967 à 1982 et a collaboré à plusieurs journaux et revues tels que Arts, Combat, Figaro littéraire, La Table Ronde, Quotidien de Paris, la N. R. F. et Les Cahiers de l’Herne.

Dès le début des années 1980, Christian Dedet délaisse peu à peu ses activités journalistiques pour se consacrer uniquement à la littérature. En 1985, La Mémoire du Fleuve obtient le prix des Libraires.
Le Prix Louis Castex de l'Académie française lui est décerné en 2000 pour son roman Au royaume d'Abomey.
Il a posé sa candidature à l'Académie française en 2008, au fauteuil de René Rémond (premier fauteuil), mais les académiciens choisirent Mgr Claude Dagens, évêque d'Angoulême.

Aventurier dans l’âme, l’auteur a traversé le nord de la Finlande à ski nordique, navigué en pirogue sur les sauts et rapides du Maroni, partiellement remonté l’Orénoque (fleuve d'Amérique du Sud dont le débit est un des plus importants au monde), accompli deux traversées sahariennes et parcouru une quinzaine de pays africains. Il a présidé la Guilde européenne du Raid en 1990.

Wagnérien et pianiste jusqu'à ses vingt ans, Christian Dedet est membre de l’A.R.O.P. (Association pour le rayonnement de l’Opéra de Paris). C'est aussi un aficionado qui assiste dès qu’il le peut aux corridas de la feria d’avril à Séville.
Il est marié depuis 1967 à l'artiste catalane Paule Garrigue, illustratrice de spectacles et spécialiste en peinture des avant-gardes russes.

 

Sa vie
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Dans son bureau, entouré de ses oeuvres, DR Jean Anglade

 

Les notes préparatoires et les manuscrits : la fabrique de l’imaginaire de Jean Anglade

  • Des documents sacralisés


La génétique textuelle nous renseigne sur l’importance de consulter les manuscrits d’un auteur si l’on veut pénétrer dans son imagination. Le processus créatif nous est alors à moitié révélé, pour peu que l’on sache voir clair à travers les ratures et les superpositions d’écritures et de couleurs. Ces traces écrites ne divulguent certes pas la source de l’inspiration poétique mais permettent malgré tout d’accéder au travail – alors qu’il est en train de se faire - sur l’image, le rythme, la forme, la langue. Etudier un manuscrit, c’est fixer la naissance de l’oeuvre dans une forme d’intemporel car c’est un morceau de création qui naît sur le papier jauni, sous nos yeux, qui se crée, qui évolue et qui a certainement été changé par la suite mais qui constitue, malgré tout, les premiers pas, constitutifs et inséparables, de la version finale idéale.

Pénétrons maintenant, à travers les manuscrits et les notes préparatoires, dans les coulisses de la création littéraire de Jean Anglade dont Alexandre Vialatte disait qu’il était « certainement l'un de nos plus grands écrivains ».

  • La saga des Pitelet


Composé des trois ouvrages Les Ventres jaunes, La Bonne rosée et Les Permissions de Mai, le Cycle des Pitelet décrit la vie, les coutumes et les aventures d’une famille de couteliers thiernois entre la fin du XIXe et le milieu du XXe siècle.

Les documents préparatoires au Cycle des Pitelet s’organisent en arbre généalogique qui se décline en diverses versions remaniées, arrangées, tant au point de vue de la concordance des dates de vie et de mort que des liens de sang entre les membres de la famille, pour la bonne cohérence de l’histoire. Différentes tables de calcul s’accumulent et laissent entrevoir la recherche de l’exactitude dans les âges, pour la bonne conduite de la narration.
Aucune qualité esthétique ne se discerne dans ces brouillons car ils ne sont pas destinés à être vus. Ils sont le terrain d’expérimentations, le laboratoire, les coulisses, « l’atelier de l’écrivain », un espace de liberté où tout lui est permis.
Les personnages sont décrits certes brièvement, mais ces prises de notes sont suffisantes pour voir se dessiner des « types » (Pitelet Auguste) : la description est sommaire et les phrases sont verbales. Chabanne « recueille les orphelins » tandis que Pitelet Auguste « paye les dettes de son père ».
On trouve aussi un résumé chronologique des événements. Ce résumé permet de dessiner une charpente du déroulement romanesque choisi par Jean Anglade (année après année). Le narrateur a tout prévu. Ses notes sont documentées mais une part est accordée à l’exercice de son imagination qui s’exprime alors comme celle d’un écrivain démiurge. Les personnages ont leur destinée entre les mains du créateur.
Les descriptions sont datées sur près d’un siècle, c’est un travail de titan étonnamment resserré sur des notes concises. Jean Anglade sait où il va et où il conduit son histoire.  Dans les extraits de ses notes préparatoires, ci-dessous, on distingue la construction de sa narration de 1939 à 1945 (des citations et déjà quelques lignes de dialogues toutes prêtes au sujet de la libération notamment, des réactions de personnages, certaines actions importantes, etc).
Finalement, le Cycle des Pitelet donne lieu à la personnification d’une époque sur plusieurs générations qui sont représentatives d’une société et de ses mutations : en ce sens, cette saga se rapproche, de par sa forme, des Rougon-Macquart d'Émile Zola ou de La Comédie Humaine de Balzac.

  • La Noël aux prunes


Comme 300 000 Espagnols ayant franchi les Pyrénées en 1939, Manuel Alcacer attend la fin du franquisme et le retour de la liberté pour pouvoir regagner son pays. De ses débuts d’instituteur en Espagne, sa participation à la guerre civile, son exil en France, les camps de concentration d'Argelès à son refuge en Auvergne, le roman nous fait suivre l’itinéraire d’une désillusion. En 1975, une nouvelle enthousiasme les réfugiés, dont Manuel fait partie : Franco est sur le point de mourir. Manuel retourne donc en Espagne après trente-huit ans d'errance. Son village est désert, en ruines. Il redevient professeur dans une école imprégnée de franquisme mais ce pays n'est plus le sien. Ce n'est plus le pays « de sa jeunesse, de ses espérances, de ses combats ; ses études, ses travaux, ses amours, il les a rêvés. » Il décide donc de retourner sur les flancs d’un volcan mort sur lequel il bâtit autrefois une maison de ses propres mains et ne se sent plus concerné que par sa vieillesse et sa solitude, définitivement désintéressé par les dictatures comme par les républiques. Jean Anglade propose dans La Noël aux prunes une fresque historique et sociale, sur fond de Castille et d’Auvergne et signe une sorte de roman d’apprentissage qui se clôt sur l’échec personnel du personnage principal, reflet de l’échec politique de toute une époque.

Les notes préparatoires pour La Noël aux prunes attestent du même principe de construction narrative que celui utilisé pour la saga des Pitelet. Les principaux événements sont décrits chronologiquement, à la différence près qu’ils sont rassemblés sous une nomination thématique et temporelle : « Enfance », « Jeunesse », « Guerre », « Vieillesse ». L’écrivain invente une vie la plus vraisemblable possible à ses personnages, une existence jusque dans les moindres détails. Il leur note ainsi des esquisses d'anecdotes qu'il exploite ou non au moment de la rédaction. Ne connaissant pas bien l’Espagne, il note parfois ses interrogations sur une feuille qui affiche, en en-tête, « à demander ». Sans doute Jean Anglade avait-il un contact espagnol qui le renseignait sur certaines zones d’ombres (la mort de Franco, certains noms, des dates, des lieux, etc.). L’exactitude est une exigence de l’écrivain quand son histoire s’inscrit dans le réel. Ainsi Jean Anglade fit des recherches sur L’Internacional, chant des ouvriers espagnols, dont il retranscrit le refrain dans son livre. On distingue aussi dans ses notes des ébauches de plan de rue et d’architecture de monuments. Ce sont des croquis à peine esquissés, sur des bouts d’enveloppes, sûrement dessinés à la hâte, mais qui renseignent surtout sur les dimensions d’une structure ou l’orientation d’un lieu. Jean Anglade suit donc un plan pour sa création, mais le premier jet manuscrit, même structuré, va encore se développer par la suite quand on le compare avec la version publiée.
Entre le schéma structuré et le roman qui fut édité, le travail de rédaction se sera évidemment développé, au rythme des relectures et des révisions de l’écrivain.

  • L’immeuble Taub


L'immeuble Taub est le seul bâtiment resté debout en 1948, au milieu des ruines d'une ville allemande rhénane. Cet immeuble est rempli d'une humanité qui fourmille et lutte avec violence pour ses besoins les plus primaires. Parmi tous ces combats, le plus étrange est celui du professeur Graunke qui se dénonce à la police après un crime machiavélique.

Nous vous proposons de découvrir des extraits comparatifs entre le début du roman manuscrit et sa version publiée de l’édition de 1999, suivis d’un extrait du chapitre XI, là aussi dans sa version manuscrite et publiée. Outre les ratures, on discerne de nombreux rajouts manuscrits qui sont numérotés dans les brouillons de fin. Sont à noter aussi des rajouts dans la version publiée. On constate des déplacements de phrases, parfois de paragraphes entiers. Ces documents nous montrent que la pensée se construit en s’écrivant. C’est a posteriori que l’écrivain classe, hiérarchise, sélectionne ou non ce qu’il vient de produire. La recherche du mot juste, de l’expression la plus « près » de la pensée est sensible dans ces manuscrits. Les recherches et les réflexions de l’écrivain sont en germe dans ces ratures si peu « esthétiques ». Ces coups de crayons féroces accompagnent bien souvent les tâtonnements de l’écriture et nous signifient que l’erreur est indissociable de la création.

Pour en savoir plus : exposition virtuelle de la BNF sur les brouillons d'écrivains

 

Sa vie Son oeuvre Le fonds Focus sur...

Convaincu par les conservateurs de la Bibliothèque du Patrimoine de Clermont-Ferrand de l'intérêt de conserver ses manuscrits pour l'étude de ses oeuvres, Jean Anglade, qui avait l'habitude de les jeter auparavant se mit, dès 1980, à les déposer régulièrement, une fois ses ouvrages parus.

Le fonds est donc exclusivement constitué des nombreux manuscrits de Jean Anglade avec, parfois, des notes documentaires et préparatoires ainsi que le tapuscrit envoyé à l'éditeur qui annotait des corrections manuscrites.

L'ensemble de ces documents est porté au registre d'inventaire.

A la date du 4 février 2010, cinquante-quatre manuscrits ont été donnés par Jean Anglade à la Bibliothèque du Patrimoine.

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Dans son bureau, article Le registre de l’auteur est vaste : entre biographies (Pascal l’insoumis, Les Montgolfier, Hervé Bazin, etc.), livres d’histoire (La Vie quotidienne en Italie, La Vie quotidienne des immigrés en France – que lui inspira un commis algérien avec qui il livrait du charbon), essais, livres humoristiques, traductions (Le Prince de Machiavel, Le Décaméron de Boccace), recueils de poésie, scénarios de films ou pièces de théâtre, cet écrivain à succès explore tous les genres et est dévenu une référence dans la culture littéraire d’Auvergne mais aussi de la scène littéraire française.

C'est plutôt un auteur discret et apparaît très rarement à la télévision. Cependant, son succès ne se dément jamais lors du rendez-vous littéraire annuel qu’il donne à ses lecteurs à la librairie Les Volcans de Clermont-Ferrand.
Jean Anglade est profondément lié à deux choses : sa terre et sa pratique littéraire. Une terre d’Auvergne riche et mystérieuse, empreinte d’écriture et d’écrivains, qui l’inspira beaucoup. Ainsi il fut proche des autres écrivains auvergnats tels qu'Henri Pourrat, Lucien Gachon, Alexandre Vialatte, Aimé Coulaudon, Marie-Aimée Méraville, Jean-Émile Bénech ou encore Pierre Moussarie.

Ecouter Jean Anglade parler de sa rencontre avec Henri Pourrat
(Conférence du 2 avril 1987 au CRDP de Clermont-Ferrand)

- Jean Anglade parle de sa rencontre avec Henri Pourrat

Cliquez pour écouter plus d'extraits de Jean Anglade parlant d'Henri Pourrat


L’Auvergne, patrie littéraire de Jean Anglade

« Pagnol auvergnat », « patriarche des lettres auvergnates », « écrivain du terroir », voire « auteur régionaliste » : Jean Anglade est affublé de tous ces surnoms qui évoquent son fort attachement à l’Auvergne.
La plupart de ses histoires, à partir d’Une Pomme oubliée, se déroulent au pays des volcans.

Vu de là-haut, l'Auvergne était d'une beauté incomparable, avec tous ces volcans alignés comme une caravane de dromadaires. Et les sommets lointains que le barbu connaissait par leur nom et leur prénom, ainsi que de vieux amis : le Pariou, c'est-à-dire le Pareil ; le Louchardière, c'est-à-dire le Fauteuil ; le Chaudron, alias le Sarcoui, c'est-à-dire le Cercueil, parce que les anciens habitants fabriquaient des sarcophages avec sa substance ; plus près, le Nid de la poule, el Grand Suchet, le Petit Suchet. Il en avait plein la tête.
Le spectacle était si magnifique qu'ils se laissèrent surprendre par le crépuscule. Car il faisait encore jour sur le sommet alors que ses pieds trempaient déjà dans les ténèbres.
Ils redescendirent par le même chemin dont la faible blancheur les guidait. Jean Gabin cita un autre proverbe auvergnat : "Celui qui monte a tous les diables qui le retiennent. Celui qui descend a tous les saints qui le poussent au derrière."

Le Roi des fougères (1996)

Portrait par Harlingue-ViolletSes romans sont de véritables morceaux documentaires pour en apprendre davantage sur l’Auvergne, ses coutumes ou la France de 1940 (le savoir-faire des couteliers, les chiens chaufferettes, la mort au front - la guerre hante Jean Anglade qui fut pupille de la nation). Très renseignées et faisant appel à ses souvenirs personnels ou ses ressentis de jeune Auvergnat, les œuvres de Jean Anglade ne sont pas purement descriptives, elles invitent à vagabonder dans le passé et le présent d’une région vivante et romanesque. Ainsi nous offre-t-il la trilogie thiernoise composée de Ventres Jaunes, À la bonne rosée et Permissions de Mai, sorte de saga des couteliers de Thiers, couvrant près d’un siècle de vie auvergnate. Il retrace l’histoire des Pitelet et de leurs descendants, famille pittoresque qui traverse huit décennies mouvementées de guerres, d'occupation allemande, de révolution estudiantine et de progrès industriels, et autant d'événements personnels ou professionnels, d’intrigues joyeuses ou dramatiques.

Dans son jardin, à Ceyrat, DR Jean AngladeDans Grillon vert, c’est un café-restaurant-hôtel-comptoir populaire du quartier Fontgiève de Clermont-Ferrand qu’Anglade se plaît à dépeindre, avec son lot de bavardages, de rires, de confessions et de clients bien singuliers : Aussoleil l’allumeur de réverbères, le peintre-distillateur Mario Pérouse, Pouett-Pouett le chauffeur du camion Fiat, monsieur Carré retraité de l'état civil, monsieur Conchon-Quinette industriel en confection, Jean Desvignes, que l'on dit fou comme une chèvre, Amandine, institutrice chauve ou encore monsieur Hébrard, professeur d'anglais, qui prétend avoir épousé une Ecossaise pour avoir un dictionnaire jusque dans son lit.
Servis par une langue savoureuse, un mélange d’humour et de bon sens, de douce malice et de rude franchise, d’observations pertinentes et de réflexions douces-amères, les romans de Jean Anglade sont hauts en couleur, tout comme ses personnages.

La Comédie humaine de Jean Anglade

Lors de dédicaces à Montluçon, DR Jean AngladeLe style de l’auteur est un gage de plaisir, de découverte, de dépaysement et d'humour mais c’est surtout le charme de son univers romanesque peuplé de personnages profondément attachants et humains qui retient l’attention.
Jean Anglade est parvenu à construire des « types » de personnages (sans jamais tomber dans le caricatural) comme il en existe dans chaque petit village et chaque grande ville de France. Des petites gens rêveurs et courageux aux gentils patrons bienfaisants, des banquiers véreux aux vieilles personnes dans leur solitude au cœur des campagnes, en passant par les femmes ouvrières devenues chef d’entreprises de fruits confits et sans oublier les petits gamins sauvages grandissant en temps de guerre, Jean Anglade évoque aussi bien l’enfance, la misère, la folie, l’enfer que l’amour.
Ce qui force l’admiration du lecteur c’est la justesse de l’écriture de Jean Anglade car les personnages, bien que très différents, sont toujours admirablement décrits. Ses livres rencontrent toujours un énorme succès public.

Jean Anglade est un humaniste avant d’être un auteur et cette connaissance sensible de l’humain lui permet de signer des œuvres toujours authentiques. Il avoue lui-même cette philosophie souriante en disant :

Ma véritable région, ce n'est pas l'Auvergne, c'est l'Homme.

 

BIBLIOGRAPHIE

Romans

Le Chien du Seigneur (1952) 
Les Mauvais Pauvres (1954)
Les Convoités (1955) 
L'Immeuble Taub (1956)
Le Fils de Tiberio Pulci (1959)
La Foi et la Montagne (1961)
Le Péché d'Écarlate (1966)
Des chiens vivants (1967)
La Garance (1968)
Une pomme oubliée (1969)
Le Point de suspension (1969)
Un front de marbre (1970)
Riez pour nous (1971)
Le Voleur de coloquintes (1972)
Un temps pour lancer des pierres (1974)
Le Tilleul du soir (1975)
Le Tour du doigt (1977)
Les Ventres jaunes (1979)
La Bonne Rosée (1980)
Les Permissions de mai (1981)
Le Pays oublié (1982)
La Noël aux prunes (1983)
Les Bons Dieux (1984)
Avec flûte obligée (1986)
La Dame aux ronces (1989)
Juste avant l'aube (1990)
Un parrain de cendre (1991)
Les Mains au dos (1991)
Le Jardin de Mercure (1992)
Qui t'a fait Prince ? ou L'Irrésistible Ascension d'un Colporteur Auvergnat (1992)
L'Impossible Pendu de Toulouse (1992)
Y'a pas d'bon Dieu (1993)
La Soupe à la fourchette (1994)
Un lit d'aubépine (1995)
La Maîtresse au piquet (1996)
Le Roi des Fougères (1996)
Le Saintier (1997)
Le Faucheur d'ombres (1998)
Le Grillon Vert (1998)
La Fille aux orages (1999)
Un souper de neige (2000)
Le Pain de Lamirand (2000)
Les Puysatiers (2001)
Dans le secret des roseaux (2002)
La rose et le lilas (2002)
Avec le temps (2004)
L'Écureuil des vignes (2004)
Une étrange entreprise (2005)
L'Ivraie et le Bon Grain (2005)
Le Temps et la Paille (2006)
Le Semeur d'alphabets (2007)
Un cœur étranger (2008)
Les Délices d'Alexandrine (2009)
Une vie en rouge et bleu (2010)

Biographies et Histoire


Hervé Bazin (1962)
Sidoine Apollinaire (1963)
Pascal l'insoumis (1988)
Les Mongolfier (1990)
Qui t'a fait prince ? (1997)
La Vie quotidienne dans le Massif central au XIXe siècle (1971)
La Vie quotidienne contemporaine en Italie (1973)
Histoire de l'Auvergne (1974)
Les Grandes Heures de l'Auvergne (1977)
La Vie quotidienne des immigrés en France de 1919 à nos jours (1984)
Le Pape ami du diable et autres histoires mystérieuses (2000)
Femmes de nos campagnes (2005)

Essais


Les Greffeurs d'orties : l'Église et le prolétariat (1958)
Grands Mystiques, avec Pierre Waleffe (1967)
Solarama d'Auvergne (1972)
Une vie en rouge et bleu, La guerre vue par le dernier des poilus (2010)
Le Dernier de la paroisse (2011)


Albums illustrés


L'Auvergne que j'aime (1974)
Drailles et burons d'Aubrac, photographies de Jean-Dominique Lajoux (1979)
L'Auvergne et le Massif central d'hier et de demain (1981) Clermont-Ferrand d'autrefois (1981)
Clermont-Ferrand fille du feu (1990)
Les Auvergnats
Mémoires d'Auvergne (1991)
L'Auvergne vue du ciel (1993)
Trésors de bouche (1996)
Mon beau-pays la Haute-Loire (1998)
Mémoires Paysannes (2003)
L'Auvergne de Jean Anglade (2007)

Divertissements


Célébration de la Chèvre (1970)
Riez pour nous (1971)
Cent Clés pour comprendre le feu (1973)
Jean Anglade raconte (1975)
Les Singes de l'Europe  : ces sacrés Français (1976)
Les Zigzags de Zacharie (1978)
Fables omnibus (1981)
Mes montagnes brûlées (1985)
L'Auvergnat et son histoire (Des crocodiles à Sidoine Apollinaire) Volume 1, Bande dessinée avec Alain Vivier (1979)
L'Auvergnat et son histoire (Du VIe  siècle aux Croisades) Volume 2, Bande dessinée avec Alain Vivier (1980)
Confidences auvergnates (1993)

 

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